Réchauffement climatique et faibles précipitations en cause
84 glaciers sur 91 ont régressé en 2004-2005
Le réchauffement climatique et le déficit de
précipitations n'ont pas laissé de répit aux glaciers suisses, dont la fonte
s'est poursuivie durant la période 2004-2005. Sur 91 sites observés, 84 ont
régressé, alors que sept sont restés stationnaires. Avec 216 et 66 mètres, les
plus forts reculs ont été notés au Triftgletscher dans l'Oberland
bernois et au Grand Glacier d'Aletsch (VS).
«Les résultats de cette année confirment
ainsi la tendance des années passées : les glaciers ne cessent de perdre de leur
masse», a annoncé mercredi l'Académie suisse des sciences naturelles.
Le Triftgletscher, entre les Cols du Susten et du Grimsel,
reste un cas particulier: sa langue est entourée d'un lac qui accélère
notablement la fonte de la glace. L'eau transmet mieux la chaleur que l'air et
la glace mince se dissout plus vite, a expliqué Andreas Bauder de
la Commission de glaciologie de l'Académie.
De manière générale, les experts observent un décalage temporel entre le
comportement du glacier et les influences qui en sont la cause. «Il est
incontestable que la hausse de la température joue un rôle important», a reconnu
Andreas Bauder. Les mesures effectuées par le passé en sont la
démonstration. Après des périodes plus froides dans les années 20, 60 et 80 où
les glaciers ont progressé, on assiste depuis le début des années 90 à un
nouveau recul.
Manque de précipitations
Comme les années précédentes, le bilan de masse - la
différence entre l'apport de neige et la disparition de glace sur l'ensemble du
glacier - a aussi été déterminé, en complément aux mesures de variations de
longueur, pour les trois Glaciers du Basodino (TI), Gries
(VS) et Silvretta (GR). Contrairement aux changements de longueur, les
variations de masse sont le reflet direct des conditions climatiques de l'année
précédente.
Ces trois glaciers ont subi une perte considérable de masse, faisant suite aux
faibles précipitations de l'hiver. Dans ce phénomène, les précipitations jouent
un rôle encore plus important que la température, a expliqué Andreas
Bauder. C'est sur le Glacier de Gries, dans la région du Col
du Nufenen, que le bilan le plus négatif a été mesuré: son épaisseur a
diminué de 1,7 mètre. La plus faible perte - à peine 70 centimètres - a été
signalée au Glacier de la Silvretta, dans le Prättigau, sur le
versant nord des Alpes.
Rôle régulateur
Les experts ne se hasardent pas à prédire l'évolution des
glaciers ces prochaines années. Il existe bien des modèles de calcul établis sur
la base des prévisions climatiques, mais ils ne permettent pas d'arriver à des
conclusions précises. Si la hausse des températures se poursuit, il faudra de
toute manière s'attendre à ce que la fonte des glaciers se poursuive également,
a ajouté Andreas Bauder.
Les glaciers jouent un rôle important dans le domaine de l'économie des eaux.
Ils stockent le précieux liquide, atténuant la sécheresse durant les étés
torrides, a encore souligné Andreas Bauder. Lors de fortes
précipitations estivales, ils peuvent retenir l'eau et ne la rendre que plus
tard, jouant un rôle régulateur.