Briançonnais et
massif des Écrins
Bilan météorologique
de l'été 2006
Le
mois de juin été très beau et très ensoleillé - +30% par
rapport à la normale, très sec -
pluviométrie à la moitié de la normale et globalement doux
- +1°C par rapport à la normale.
Mais il a commencé par une première décade froide avec encore des gelées en
vallées et s'est terminé par deux décades très chaudes pour la saison. La neige
hivernale pourrie en profondeur ne s'est pas transformée en névé et a donc très
vite fondu.
Le mois de juillet a poursuivi la tendance très chaude, en se
situant à +3°C par rapport à la normale,
mais sans atteindre les 30°C. Par contre, il a été très orageux avec
deux fois plus de pluie que la normale. les orages ont parfois été violents à
Vallouise, mais sans dégât majeur, et à Névache où la Clarée a
débordé le 16. En altitude, les développements nuageux diurnes évoluant en
orages ont considérablement réduit la montée en température et protégé les
glaciers d'une ablation trop forte malgré la perte précoce de leur couverture
neigeuse.
Le mois d'août a été anormalement froid - se situant
2,5°C en dessous de la normale, avec un
vent du nord qui a amplifié la sensation de froid et provoqué des gelées
blanches mais a maintenu un ensoleillement correct et limité les précipitations.
Néanmoins, elles-ci sont tombées sous forme de neige en montagne, la limite
pluie-neige s'abaissant même jusqu'à 2300 m. Elles ont tenu sur les sommets et
dans les cirques d'altitude. Toutefois, la barrière climatique a joué à plein et
les cumuls ont été bien plus faibles que dans les Alpes du Nord où ils
ont dépassé 80 cm à 3600 m. Un violent orage a déposé une importante couche de
grêlons au dessus de 2000 m sur les pentes de Peyre Eyraute qui s'est
maintenue pendant près de 3 jours. Malgré tout, la neige s'est maintenue sur les
faces et dans les cirques les plus élevés et à l'ombre en fin d'été, stoppant
l'ablation et apportant même un peu d'alimentation.
Les hauts sommets sont bien enneigés à la fin du mois d'août
Les mois de septembre et d'octobre ont à nouveau battu des
records de chaleur. Pour la seule fois de l'été les
températures ont dépassé les 30°C à Briançon, 32,2°C et 32,5°C les 4 et 5
septembre, et à Pelvoux, 32,9°C le 5 septembre. Le mois de septembre a dépassé la normale
saisonnière de 2,9°C, faisant de ce mois le second mois de septembre le plus
chaud depuis 1950, derrière 1961 -
+3,0 °C. Le mois d'octobre 2006, en
dépassant de 3,3°C la normale saisonnière, a été le 2e mois d'octobre le plus
chaud en France depuis 1950.
Le mois d'octobre 2001 reste toutefois le mois
d'octobre le plus chaud depuis 1950 avec +3,5°C par rapport à la norme.
Contrairement au mois de juillet, ces fortes chaleurs se sont propagées en
altitude grâce à des ciels d'une exceptionnelle luminosité
[Météo-France,
décembre 2006].
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Panorama exceptionnel pris de la Tête de Vautisse en septembre
2006.
On reconnaît, au fond, le massif du Mont Blanc, le massif
de la Vanoise, les Alpes italiennes et suisses.
Le Grand Galibier est à la droite du Mont Blanc.
En avant, on domine le massif de Montbrison à gauche, le
Prorel au centre, Briançon à droite dans la vallée.
L'isotherme 0°C est monté jusqu'à 4900 m début septembre et a
battu le record décennal en octobre atteignant 4502 m le 30 octobre. Dans le
même temps, de violentes précipitations méditerranéennes d'automne ont apporté
beaucoup d'eau, + 57% en septembre par rapport à la
normale saisonnière, et provoqué de
gros dégâts dans la
vallée de Freissinières et la Vallouise. La totalité de ces
précipitations est tombée sous forme de neige au dessus de 3000 m d'altitude et
les sommets étaient tout blancs à la fin du mois d'octobre, où il faisait encore
très chaud avant le plongeon du mercure dès les premiers jours de novembre.
Ces situations très contrastées ont permis aux glaciers
d'altitude de mieux résister. Même si leur bilan de masse reste négatif,
c'est le moins mauvais résultat de ces dernières années. En effet, l'ensoleillement a été limité en
altitude durant les périodes chaudes, soit du fait des nuages et des orages en
juillet, soit à cause de l'inclinaison du soleil en septembre et octobre, alors
que plusieurs précipitations neigeuses ont recouvert les hauts sommets et
vallons. Au pire, elles ont ralenti temporairement l'ablation, au mieux elles
ont contribué à une alimentation estivale.
Remarque : Août s'étant révélé un mois d'hiver et
septembre et octobre ayant battus des records de chaleur, on ne s'étonnera pas de voir
ce bilan de l'été 2006 couvrir 4 mois complets de juin à octobre. Néanmoins, les
mois de septembre et d'octobre seront également intégrés au bilan de l'automne
2006.