Les glaciers alpins
pourraient disparaître d'ici 100 ans
Les glaciers alpins régressent depuis plus de 150 ans
Selon des glaciologues du
Laboratoire de Glaciologie et Géophysique de l’Environnement (CNRS- Université Joseph Fourier, Grenoble) et
de l'École polytechnique fédérale de Zurich (ETHZ), les glaciers alpins
connaissent un recul généralisé depuis 1850, notamment à cause d'une diminution
des précipitations neigeuses et, depuis la décennie 1980, de l'augmentation des
températures en été.
Météo-France l'indiquait également début 2005 en
précisant que la température dans les Alpes françaises avait augmenté ces
quarante dernières années «plus que dans le reste de la France».
Enfin,
Christian
Vincent du Laboratoire de Glaciologie et Géophysique de l’Environnement
soulignait fin 2005 que les glaciers alpins avaient régressé à un niveau encore
jamais atteint au cours des quatre derniers siècles.
Le glaciologue
Michael Zemp et ses collègues, de l'Institut de géographique de l'Université de
Zurich montre dans une nouvelle étude qu'en 1970, les Alpes comptaient 5 150
glaciers, sur une surface de 2 909 km², ce qui correspondait déjà à une
diminution de 35% par rapport à 1850. Depuis, la fonte des glaciers s'est
accélérée notamment suite à la canicule de 2003 qui a entamé la surface
glaciaire de 5 à 10%.
On estime ainsi que les glaciers alpins ont perdu la
moitié de leur surface depuis 1850.
Et pourraient disparaître
dans 100 ans...
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Modélisation du Glacier du Rhône montrant
: - son extension en 1850 (ligne blanche) - son étendue en 1973 (ligne
rouge) - sa régression avec une hausse de 3°C (en bleu) crédit :
M. Zemp et al. |
L'Institut de géographique de l'Université de Zurich a réalisé
plusieurs scénarios estimant la diminution des glaciers en fonction de
l'augmentation de température prévue sur les cent prochaines années. En effet,
l’évolution des glaciers alpins est un excellent indicateur de l'évolution du
climat et constitue un indicateur fiable du réchauffement climatique [Christian Vincent,
11/2005].
Si les températures moyennes augmentent de 3°C durant les mois
d'avril à septembre à la fin du XXIe siècle, la surface de glace dans les Alpes
diminuera de 80%.
Si la hausse atteint 5°C, seuls les plus grands glaciers,
comme celui d'Aletsch, ou les glaciers situés à très haute altitude (plus de 2
900 m) subsisteraient, tous les autres pourraient avoir complètement
disparu...
"Notre étude montre que la majorité des glaciers alpins pourraient
fondre ces prochaines décennies", indique Michael Zemp.
Ces modèles
tablent sur une augmentation de 3 à 5°C, ce qui correspond malheureusement à la
fourchette du possible annoncée par le GIEC dans son dernier rapport sur le
changement climatique, d'autant plus qu'en France, selon Météo-France, depuis la
fin du XIXème siècle, le réchauffement a déjà été en moyenne de l'ordre de
1°C.
Les conséquences seront notamment importantes pour les activités
humaines comme le souligne Michael Zemp "c'est justement dans les régions de
montagne fortement peuplées, comme les Alpes, qu'il faut réfléchir aux
conséquences d'une fonte massive des glaciers, sur le cycle de l'eau, l'économie
hydraulique, le tourisme ou les dangers naturels".
Étude publiée en juillet 2006 dans la revue scientifique Geophysical Research
Letters
Alpine glaciers to dsapper within decades ?
M. Zemp,
W.
Haeberli,
M.
Hoelzle,
and
F. Paul
(2006)