Briançonnais et
massif des Écrins
Bilan météorologique
du printemps 2008
Le
printemps météo commence avec un effet de fœhn marqué du NNW durant les
premiers jours de mars qui fait grimper les températures. La chute est ensuite
sévère (-16 °C en 3 jours sur les maximales) mais de courte durée par suite d'un
effet de fœhn localisé de ENE cette fois. Puis des perturbations atlantiques
amènent un peu d'eau dans une grande douceur. Le froid et la neige reviennent en
force par le NW pour le printemps calendaire. Le 24 mars est même la journée la
plus froide de la période hivernale avec des températures qui plongent nettement
sous les -10 °C. La douceur revient en fin de mois avent un nouveau plongeon le
31.
Les quelques journées froides l'ont emporté sur la grande douceur du début, du
milieu et de la fin du mois : mars se révèle en déficit thermique de 0.6 °C par
rapport à la normale (2.7 °C pour 3.3 °C) et même plus froid que février ((2.7
°C contre 2.9 °C) et normalement arrosé (54 mm pour 52 mm).
La 1ère semaine
d'avril est fraîche et sèche avec un effet de fœhn du N qui protège le
Briançonnais du temps hivernal du nord des Alpes. Un courant de SW amène un
peu de neige en fin de période dans une atmosphère rafraîchie par une lombarde
froide. La 2e semaine reste fraîche, malgré un thermomètre qui joue au yo-yo,
mais humide avec beaucoup de pluie et de neige en altitude. Les giboulées se
poursuivent en 3e semaine dans une grande fraîcheur et l'enneigement en altitude
n'a jamais été aussi important de la saison. Enfin la dernière semaine voit
revenir le printemps avec des températures qui redeviennent de saison.
Au
final, avril a été très humide (106 mm pour 63 mm) et modérément frais (déficit
de 0.4 °C). L'enneigement en altitude est abondant.
Mai commence dans
la douceur en journée, sans pluie, mais sans beaucoup de ciel bleu non
plus à cause de nombreux cumulus et nuages d'instabilité. Celle-ci se poursuit
avec cette fois un peu de pluie. l'impression qui prédomine est un temps frais,
instable et peu ensoleillé, mais sans beaucoup de pluie. La couverture nuageuse
provoque à la fois une sensation de fraîcheur par manque d'ensoleillement en
journée et des nuits douces, d'où au final un faible excédent thermique.
Les précipitations en provenance de Méditerranée commencent le 23 et s'accentue
les jours suivants. jusqu'à haute altitude où elles accélèrent la fonte du
manteau neigeux encore abondant. On atteint le 25 à 20 h le niveau mensuel
normal de précipitations (64 mm). Les torrents entrent en crue et commencent à
beaucoup charrié.
Les pluies redoublent dans la nuit du 25 et se poursuivent toute la journée du
26 amenant 46 mm d'eau supplémentaires. En altitude, ces précipitations d'eau
chaude chargée de sable ont amplifié la fonte des neiges et provoqué une montée
cataclysmique des eaux des torrents. Ceux-ci ont atteint des niveaux record,
avec hélas des victimes et de nombreux dégâts, notamment sur les routes comme en
Clarée et au Lautaret.
Des bouffées chaudes et humides en provenance de
Méditerranée (pluies ocres) ont ondulé sur notre région durant plusieurs jours,
coincées entre un air très sec et chaud à l'est (type Sirocco) et un air froid
d'altitude à l'ouest.
Les pluies se poursuivent toute la semaine et s'intensifient les 28 et 29. Même
si les pluies ne sont pas trop violentes sur le Briançonnais, elles
persistent dans la durée, et l'accumulation d'eau, le ruissellement et la fonte
des neiges font que le niveau des cours d'eau ne baisse que très peu (30 cm en
général). La situation est critique un peu partout dans le département, où les
vannes de Serre6ponçon ont dû être ouvertes, et particulièrement sur l'est-Queyras,
avec 200 litre d'eau au m2 en 24 h dans le secteur du Viso où le Guil
va connaître une forte crue et causé de gros dégâts. Il continue à faire chaud
en altitude, y compris la nuit où la température à 3100 m oscille entre +1 et +3
°C et où la fonte de la neige renforce les torrents.
La
situation météo reste bloquée à perte de vue sur la France, à savoir un "marais
barométrique" : aucune circulation atmosphérique d'altitude n'arrive à
s'imposer, et les zones perturbées tournent en rond au dessus de nos têtes,
alimentées par une pompe à chaleur et à humidité située en Méditerranée. Les
averses, orages et accalmies continuent donc à se succéder. Plus finement
et localement, cela donne encore de bonnes pluies sur tout le bassin de la
haute Durance et du Guil.
Durant l'épisode, les photos satellite montraient un véritable couloir perturbé
se créant au large du Maghreb, se renforçant en Méditerranée et étant sans cesse
réalimenté par de l'air chaud en provenance du Sahara. Ce couloir englobait le
Piémont italien, les Alpes et la Vallée du Rhône, avant de distribuer ses zones
perturbées aux alentours.
Au final, mai, avec 157 mm d'au à Briançon pour 64 mm, beaucoup plus sur
l'est-Queyras, est un mois record. C'est le mois le plus arrosé depuis
novembre 2002. Et, pour le mois de mai uniquement, il faut remonter à mai 1983
pour retrouver autant de pluie avec 197 mm (ce qui correspond à la dernière
ouverture des vannes de Serre-Ponçon). Malgré les impressions, mai est un mois
doux avec un excédent thermique de 0.7° par rapport à la normale, celui-ci étant
surtout marqué pour les t° nocturnes, en raison de nuits souvent couvertes, et
donc douces.
D'après la
Chronique météo de Briançon de Dahu 05
Au bilan, le printemps a été marqué par de
très fortes précipitations (+77 % par rapport à la normale, 317 mm pour 179 mm) et l'épisode de pluies
abondantes entre le 23 et le 29 mai. Celles-ci ont provoqué une fonte
accélérée de la neige en altitude et des crues catastrophiques des torrents.
Néanmoins, les accumulations de neige au dessus de 3000 mètres d'altitude
sont très conséquentes et favorables à l'alimentation des glaciers.