Saint-Martin-de-Queyrières
Projet de ligne HT
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Réseau Transport d'Électricité (RTE) a en projet une
ligne électrique HT de 63 kV reliant l'Argentière à Villar-Saint-Pancrace
par les hauteurs et devant être mise en service en 2016. En
parallèle, la ligne actuelle en rive gauche serait doublée et renforcée, puis la
ligne en rive droite qui passe à proximité du Belvédère du Pelvoux serait
démontée. L'achèvement du projet serait effectif à
l'horizon 2020. On aurait donc au final une ligne à 63 kV et deux lignes
aériennes à 225 kV. |
Ce projet s'inscrit dans un renforcement de
l'alimentation électrique du bassin de la haute Durance à partir de Serre Ponçon.
Il s'accompagne du démontage de l'ancienne ligne datant de 1936 qui part de
Maurienne et rejoint la haute Durance par les hauteurs du Galibier
et la vallée de la Guisane.
La liaison entre l'Argentière et Villar-saint-Pancrace
partirait du poste de l'Argentière, remonterait le Bois de France,
dans un secteur incendié en juillet 2003, passerait sous les Oriols ,
dénaturerait le site du Lac des Serres avant de balafrer tout le vallon de
Saint-Sébastien en passant à proximité des chalets du Pas du Rif et
de l'Hermetière pour atteindre le Pas de l'Âne à Villar-Saint-Pancrace.
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Il s'agirait d'une ligne longue de 7,5 kilomètres,
passant de 1100 à 2000 mètres d'altitude, entre 2 zones Natura 2000
(en vert) et créant une véritable saignée
de 25 mètres de large dans les belles forêts de mélèzes de ce versant jusque là indemne
d'aménagement. Une douzaine de pylônes seraient prévus, mais peint
en marron (*) et avec un nouveau design pour l'intégration paysagère. Cela
représenterait 17 ha de forêts de mélèzes rasés.
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(*) Au vu des photos de gauche, le marron dans la verdure, c'est
pas terrible, à moins qu'on leur adjoigne des branches vertes...
Panorama de l'Oriol de
Queyrières |
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La ligne parcourrait la pente de la
zone sombre de gauche à la zone sombre de droite |
Photo Vallouimages - Juillet
2009 - Cliquer dessus pour le grand format |
Projet un peu fou. On croit rêver. Qu'est-ce qui a bien pu passer par la tête
des ingénieurs pour sortir un pareil projet massacrant des paysages du plus haut
intérêt et jusque là vierges d'aménagement ?
Certes, cette ligne remplacerait celle qui
défigure le Belvédère du Pelvoux. Le démontage de celle-ci
est effectivement souhaitable, mais certainement pas au prix d'un
massacre durable et non soutenable en altitude. Cela, ce n'est pas
acceptable : 17 ha de forêts détruits contre un pylône disgracieux,
le compte n'y est pas. Autant maintenir le pylône tel qu'il est ou
enterrer la ligne sur la longueur nécessaire à l'esthétique du
paysage, ou encore mettre l'un des ces fameux pylônes au
design paysager. Si le design est bon, cela valoriserait au
contraire le site du Belvédère. Chiche ?
Pourtant la solution existe de faire passer le câblage dans la
galerie souterraine d'EDF reliant la centrale de l'Argentière
à la prise d'eau de Prelles.
Evidemment RTE objecte des difficultés de maintenance ou
d'incompatibilité d'usage, alors qu'il ne s'agit que d'une question
de volonté.
Puisqu'on parle de volonté, il faut donc parler de
volonté politique pour s'opposer au projet aérien en altitude et
forcer au projet souterrain (1), de la part du député-maire de
l'Argentière qui ne peut pas cautionner une pareille atteinte à
l'environnement et qui va devoir choisir entre un pylône peut-être
paysager et 17 ha de forêts magnifiques, du président du Pays des
Écrins, soucieux des
paysages qui font la richesse de son pays, et des maires et élus des
communes concernées (2).
Aux élus, donc, de s'opposer à l'option proposée par RTE et de prôner
l'option souterraine avant la décision définitive.
Notes :
(1) Les secteurs de Briançon et de
Mont-Dauphin seront traités en souterrain, label Unesco oblige.
L'option souterraine se présente sous la forme d'une tranchée de 1,5
m de profondeur sur 90 cm de large, alors que la galerie entre
l'Argentière et Prelles fait 3 à 4 mètres de diamètre.
(2) Il y a bien sûr une carotte financière : un
programme d'accompagnement pour les projets communaux, à hauteur de
8 % du cout des travaux ; la création de pistes pour développer les
activités touristiques : VTT, randonnée. Sous une ligne HT, car les
secteurs des Oriols et du Lac des Serres sont à
développer de ce côté, là mais sans bourdonnement d'abeilles au
dessus de soi. Ll'amélioration de la DFCI et l'exploitation
forestière sont présentées aussi comme des retombées positives.