Pensez donc : «
Gap est à deux heures d’un port international, d’une gare TGV et d’un
aéroport international. Les entreprises de Veynes exportent 50% de leur
chiffre d’affaires dans le monde entier. » Interview de Marc Ventre,
président du CA d’Airbus Safran Launchers, élu municipal et communautaire à
Veynes (Dauphiné Libéré du vendredi 19 juin). Il aurait aussi pu ajouter que
Briançon est à deux heures de Turin et à
moins d’une heure d’une gare TGV. Bien.
Mais, il
semblerait que, dans les hautes sphères, l’on soit complètement
déconnecté de la réalité du terrain et des difficultés des entreprises,
touristes et habitants. Ce monsieur connaît-il l’état des lignes de
chemins de fer Veynes-Valence, Veynes-Grenoble, Veynes-Briançon ?
Ignorerait-il les menaces qui pèsent sur leur pérennité ? Sans parler de
l’inexistence du fret ferroviaire. Sait-il que l’autoroute s’arrête au
nord de Sisteron ? A-t-il déjà parcouru la RD 1075 entre Veynes et le
Col du Fau, la RN 85 entre Gap et Grenoble ? Connaît-il les souffrances
et les angoisses actuelles des habitants de la haute Romanche ? Sait-il
seulement qu’il y a un petit problème sur la RD 1091 qui va empêcher le
Tour de France de passer ? Marcel Cannat, le conseiller départemental en
charge des routes, qui se trouvait à ses côtés sur la photo ne lui
aurait-il pas parlé de ses difficultés ou n’ont-ils discuté que
d’aéronautique et de haute technologie ? Un dirigeant d’entreprise de la
Roche-de-Rame attribuait récemment à cet enclavement censé ne pas
exister un surcoût de +15%. Quel mauvais gestionnaire de sortir cette «
excuse business » éculée alors qu’il y trouvait en réalité une
opportunité d’être meilleur !
Au final,
sans négliger les points positifs, l’enclavement des Hautes-Alpes reste
indiscutablement son principal handicap. Quand on nie les problèmes, on
ne risque pas de les résoudre. Or, sur un tel sujet, il ne faut ni nier
l’enclavement, ni en faire la cause unique de tous les maux. Mais au
contraire, assumer la réalité et les difficultés, travailler à les
réduire (1) ou à les
contourner (2), voire
s’appuyer dessus pour des activités de niche.