Le ski
hors-piste n’est pas interdit en France ! Il semble nécessaire de le
rappeler alors que plusieurs commentaires iraient dans le sens d’une
interdiction, voire de poursuites. Déjà quand on parle de ski hors-piste, il
faut bien préciser de quoi on parle. Il y a d’une part les pistes de ski
balisées, ouvertes ou fermées, qui constituent le domaine skiable des
stations et dont la réglementation est régie par un arrêté municipal propre
à chaque commune (ce sont les communes qui ont le pouvoir de police et non
les stations). Tout ce qui est en-dehors de ces pistes balisées,
ouvertes ou fermées, constitue le domaine hors-piste, non pas de la station,
mais le domaine hors-piste de façon générale. Peu importe s’il est
accessible ou non depuis les remontées mécaniques. C’est l’arrêté municipal
(ou les arrêtés municipaux dans le cas de plusieurs communes) qui définit
les différentes pistes et donc le domaine skiable d’une station.
Et
c’est là que la confusion commence, car, déjà au niveau de la station, on
confond les « pistes balisées » fermées, des pistes ou itinéraires non
balisées, parfois qualifiées de « pistes de fait » en cas de fréquentation
régulière. Les premières, dûment définies par un arrêté municipal, étant
fermées sont interdites et y aller est donc interdit ! Les secondes
ne sont pas interdites. Pour le cas de l’avalanche des Deux-Alpes,
l’instruction va probablement se pencher sur le statut de la piste tel que
défini par l’arrêté et si la piste était balisée ou non, n'ayant pas encore
été ouverte, et va chercher à déterminer s’il s’agissait d’une « piste de
fait » ou non et surtout si ce statut a eu une relation de causalité avec la
survenance de l’avalanche et avec les décès.
Deuxième confusion, sous le qualificatif de « hors-piste », on range aussi
bien le ski en-dehors des pistes de la station mais sur des itinéraires
accessibles depuis les remontées mécaniques de la station, même au prix d’un
parcours en montée, pédestre ou à ski [cas typique de l’accès au Col de Bal
depuis le haut du télésiège de la Pendine à Puy-Saint-Vincent] que le ski de
pleine nature, ski de randonnée, ski de montagne, ski-alpinisme, selon le
niveau et le lieu de pratique.
Dans
tous les cas et de toute façon, la pratique du hors-piste est aux
risques et périls du pratiquant.
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Donc,
toutes ces pratiques hors-piste, et notamment le ski de randonnée, ne sont
pas interdites, par contre leur exercice doit être responsable et, le risque
0 n’existant pas, tout doit être fait pour en minimiser les risques :
consultation des bulletins météo et avalanches, choix de l’itinéraire et des
pentes, utilisation des méthodes de réduction du risque, mode de
progression, etc. et anticiper tout ce qui peut survenir.
Lors du dernier week-end, les professionnels soulignaient le cocktail
détonnant d’un niveau de risque 3, sur des pentes chargées et à plus de 30°
(sous les skis et au-dessus et au-dessous), en orientation nord-ouest à
nord-est. Mais il était possible de se faire plaisir sur des pentes moins
exposées et plusieurs ne s’en sont pas privés ! À Val Fréjus, il faut
rajouter la progression en groupe à la totalité des feux rouges cités
précédemment.
Oui,
la pratique du hors-piste est autorisée [non-interdite = autorisée] et elle
doit le rester. Mais chaque avalanche étant hautement improbable au point
d'en être imprévisible, il faut se mettre dans la situation de ne pas avoir
à la subir en analysant les situations et en anticipant et prévenant les
erreurs et incidents possibles, « pour que la montagne reste un
plaisir ».
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Références :
Montagne magazine, Neige et avalanche, Alain Duclos et al., hors
série, décembre 2015.
