Une brève
altercation a opposé Jean Conreaux, maire de Vallouise et conseiller
départemental, et un manifestant lors du pique-nique organisé pour
fêter les plus beaux « détours de France » dont fait partie la commune de
L’Argentière. Elle a donné lieu à deux maladroits messages de soutien de la
part des élus départementaux de la vallée de la Guisane, Marine Michel et
Arnaud Murgia, sur la foi d’informations erronées. En résumé, ils traitent
d’ANTI-TOUT les manifestants et, à travers eux, un peu tous les habitants du
Pays des Écrins très majoritairement opposés à la ligne THT aérienne. On ne
peut pas rester sur ces deux commentaires trop à côté de la plaque.
_______________
Une argumentation boomerang
ANTI-TOUT ne
correspond à rien. Ne sont-ils pas eux-mêmes ANTI ligne THT aérienne en
vallée de la Guisane, dans leur circonscription, comme par hasard ? Eh oui,
chez eux, ils sont aussi ANTI ligne THT aérienne, comme les habitants du
Pays des Écrins ici. Alors, chère Marine et cher Arnaud, ne les traitez pas
d'ANTI-TOUT.
En réclamant
l'enfouissement de la ligne, ils sont simplement POUR le respect de leur
cadre de vie, POUR la préservation de leurs paysages et POUR le
développement économique et touristique de leur territoire. Cela n'en fait
pas des ANTI-TOUT, même si pour cela, il faut effectivement être ANTI ligne
THT aérienne. Comme Marine et Arnaud dans leur circonscription finalement.
_______________
Leurs deux
commentaires sont en réalité de l'ordre de la posture car il est maintenant
établi que l'incident, autant regrettable que marginal, (i) n'a pas eu lieu
lors des cérémonies de commémoration de l'armistice du 8 mai 1945, qu'il
aurait effectivement été inimaginable de perturber sous quelle que forme que
ce soit, et (ii) n'a pas été provoqué par les manifestants. Vu
l’insignifiance de l’incident, inutile d’en rajouter.
_______________
Soutenir les habitants
Maintenant, en
tant qu'élus, ils doivent soutenir les habitants du Pays des Écrins, et
leurs collègues élus qui se sont déjà engagés, pour obtenir l'enfouissement
de la ligne THT sur la totalité de son parcours, comme c'est déjà le cas en
vallée de la Guisane, mais aussi dans la Combe de Savoie et en Maurienne.
Là-bas, l'enfouissement le long de l'autoroute dans la Combe de Savoie a été
très rapide. Les autres maires et élus municipaux du Pays des Écrins doivent
aussi se remuer. Seule la commune de La Roche-de-Rame a pris une position
claire CONTRE la ligne aérienne. On range maintenant le maire de Vallouise
parmi les « POUR la ligne aérienne » et « CONTRE l’enfouissement ». On se
demande bien pourquoi.
_______________
Halte aux manifestions sauvages
Les opposants,
de leur côté, doivent aussi reconsidérer leur démarche car des
manifestations sauvages, des invectives, des graffitis sur n’importe quel
support sont au mieux inutiles, au pire contreproductifs. Il suffit de voir
que, quel que soit l’incident, c’est la façon dont il est rapporté et repris
qui compte. Le résultat est une présentation maintenant systématique
d’opposition à la ligne THT. Or ce n’est pas le cas. Il n’y a consensus que
« CONTRE la ligne aérienne » et « POUR son enfouissement ». Le slogan NO THT
est trop simplificateur et n’est pas représentatif.
_______________
Pour l'enfouissement de la ligne THT
L'option
aérienne s'oppose à l'option souterraine. L'option aérienne est privilégiée
par les élus pour des raisons pseudo-économiques discutables et surtout pour
des raisons financières
Au début
j’acceptais l’argument du coût supérieur de l’enfouissement par rapport à
l’aérien, mais je l’ai vite éliminé quand j’ai vu que l’enfouissement dans
la Combe de Savoie et la vallée de la Maurienne se faisait et à quelle
vitesse il se faisait alors que l’aérien patine, d’autant plus qu’il faut
ajouter les coûts d’entretien sur le long terme pour avoir les coûts
complets (1).
Ensuite, j’ai entendu l’argument sur l’option aérienne qui ferait plus
travailler les entreprises locales qui ne possèderaient pas les technologies
requises. Mais il tombe aussi quand on voit qu’en réalité il ne reste que
les miettes aux entreprises locales. Par ailleurs, faire un choix
technologique du XXe siècle parce que les entreprises locales ne
possèderaient pas la technologie du XXIe siècle n’est pas un bon service à
leur rendre pour leur permettre de se développer. Cela aurait au contraire
pu être un bon moyen pour elles d’acquérir la technologie et de l’exporter.
Ne reste donc que l’argument financier avec les taxes pylônes et les
compensations financières affichées et cachées, qui valent bien peu au
regard des dégâts causés et de l’impact touristique négatif et qui
sacrifient le long terme au court terme. Une chape opaque recouvre cet
aspect alors que la plus grande transparence devrait être la règle. Les
habitants sont capables d'entendre les arguments de leurs élus.
Bref, c’est une politique de gribouille. Car les élus doivent avant tout
défendre l'intérêt collectif et non les intérêts privés. Dans le cas
présent, ils ont choisi les intérêts privés et ont oublié par qui ils ont
été élus.
Quand on voit l'insistance à défendre l'aérien par rapport au souterrain
contre toute logique et en toute opacité, c'est qu'il y a forcément un loup
!
On voit ensuite apparaître des postures de principe sur le développement
économique, sur le travail local, mais qui ne tiennent pas au vu des
arguments ci-dessus. Quand on parle de postures, il s'agit vite d'imposture.
Surtout l'impression qu'ont les gens de ne pas être entendus ne peut
qu'exacerber les passions et radicaliser les positions. N'oublions pas que
le seul élément démocratique officiel, l'enquête publique, a donné 92%
d'opposition à l'option aérienne. Comment peuvent-ils être crédibles ces
élus et parler de minoritaires ou d'extrémistes, comme l'a fait le président
de la CCI ?
(1) Les vidéos en liens connexes présentent la ligne souterraine en
Maurienne. Celle de RTE vaut tout les argumentaires.
_______________
Références :
...