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Questions sur un week-end brun

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Mise à jour (26 avril 2018) :

Comme suite au triste dernier week-end avec les manifestations pro et anti-migrants et les réactions indignes de certains responsables politiques qui ont manifestement perdu leurs repères, l’évêque de Gap et d’Embrun met les choses au point de façon claire et nette. Après avoir démonté tous les arguments fallacieux, il envoie un appel à la solidarité de tous mais aussi à la charité des chrétiens. « Soyons cohérents », leur dit-il en leur rappelant le message de l’Évangile. 

« Nos montagnes ne sont pas un terrain de jeu politique où pourraient librement s’affronter des personnes, d’un bord comme de l’autre, instrumentalisant les migrants. »

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Complément rajouté en réponse à un commentaire reçu par ailleurs (29 avril 2018) :

« Je suis chrétien, mais je suis contre la racaille, destructrice de notre culture. »

Cette phrase (citée après correction) mérite qu’on s’y arrête.

Sur un plan religieux, elle est incohérente et même absurde, car pour un chrétien il s’agit de « ses frères dans le Christ » (bel effet boomerang) ; cette approche est en contradiction absolue avec le message de l’Évangile. Pas celui du pape, pas celui de l’évêque, non celui du niveau au-dessus, celui qui justifie que l’on puisse se dire « chrétien ».

Après chacun agit comme il le peut. Un grand pas serait franchi avec simplement du respect.

Sur un plan non religieux, en restant à un niveau humain, elle est consternante, fondamentalement « raciste » au sens large du terme, et stupide dans sa généralisation.

Prendre position contre les migrants n'oblige pas à la haine et au mépris, qui n'ont jamais résolu le moindre problème, bien au contraire.

Concernant  la destruction de notre culture, de quoi parle-t-on ? Le lien avec le début de la phrase, doit permettre de penser qu’il s’agit « de notre culture chrétienne ». Mais peut-on encore dire que la « culture chrétienne » existe encore quand ses fondements même sont ignorés, voire inversés, comme le montre la contradiction fondamentale du début de phrase ? Plus généralement, si notre culture française a de solides racines chrétiennes, pour l’essentiel héritées du Moyen Âge (mais pas que…, bien sûr !), elle en a beaucoup d’autres. Nous ne sommes plus au Moyen Âge, il y a eu depuis une sacrée émancipation de la religion, avec le siècle des Lumières, la Révolution, tout le courant politique de la fin du XIXe siècle et du début du XXe qui a abouti à la séparation de l’Église et de l’État et la loi sur la laïcité, qui sont deux fondements modernes de « notre vivre ensemble », notre culture commune, en quelque sorte. En simplifiant, la religion est du domaine du privé et l’État est neutre. La seconde moitié du XXe siècle et le début du XXIe sont même marqués par une véritable rupture avec le socle civilisationnel du christianisme, les Français s'éloignant de plus en plus de toute pratique religieuse (ce qui au passage rend inaudible ce genre d'appel).

 On voit mal en quoi les migrants seraient destructeurs de notre culture. D’abord les données démographiques (cf. les résultats du dernier recensement) montrent que l’émigration est faible en France et pas liée uniquement à ceux que l’on appelle aujourd’hui communément les « migrants ». Ensuite elle est multiple et variée sur la plupart des plans, notamment sociaux, ethniques, religieux, culturels. Il y a beaucoup de différences entre les immigrants africains, eux-mêmes divers, et ceux venant du Moyen Orient, des pays de l’est et de l’ancienne URSS, d’Asie ou d’Amérique Centrale, pour citer les principales zones de départ. Beaucoup sont chrétiens, contraints de fuir l’islamisme en Afrique ou au Moyen Orient. Les Araméens venant d’Irak parlent même la langue du Christ : difficile de faire mieux en matière de « culture chrétienne » ! Un grand nombre constitue l’élite de leurs pays d’origine, souvent opposants et chassés par des pouvoirs corrompus que, parfois, souvent, nous soutenons. La Guinée en est un bon exemple avec la mise en examen de Vincent Bolloré.

Bref, le problème est d’une grande complexité, les causes sont multiples selon les zones de départ. Malheureusement, plusieurs causes-racines résultent de notre propre comportement (fournitures d’armes, soutien à des régimes autoritaires, corruption, exploitations des richesses locales, etc.). Il faut donc aussi agir à l’autre bout de la chaîne, car ‘écoper, sans boucher le trou dans la coque’ ne résout rien et le flot va continuer à augmenter et les difficultés aussi.

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Notes :

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Références :

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Articles connexes :

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Liens connexes :

Xavier Malle, évêque de Gap et d'Embrun, "Aidez-nous !" : l'évêque de Gap en appelle à "la solidarité nationale" pour l'accueil des migrants dans les Alpes, tribune, Francetvinfo.fr, 26 avril 2018.

Un athée vaut mieux qu’un catholique hypocrite, suggère le pape, Ou-est-France, 23 février 2017.

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