Pays des Écrins
L’orthographe des noms de communes
Pays des Écrins - Freissinières, antérieurement Fressinières
jusqu'en octobre 1981
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Article un peu technique qui s’adresse aux élus, aux éditeurs-imprimeurs et à
tous ceux qui sont susceptibles d’écrire des articles ou des ouvrages sur le
Pays des Écrins.
Étant souvent impliqué dans l’écriture ou la relecture de documents, je constate
toujours les mêmes fautes d’orthographe dans les noms des communes. Alors pour
faciliter le travail autant prendre les devants en rappelant les règles et
comment s’écrivent les noms de nos communes.
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Les noms
des communes sont des noms officiels qui obéissent à des règles strictes
auxquelles ils doivent se conformer. Elles ont encore été rappelées avec vigueur
au moment de la récente campagne de créations de communes nouvelles
(1).
L’INSEE
est le gardien du temple pour les noms officiels des collectivités locales :
« D’après les lois en vigueur, l’édition la plus récente du « Dénombrement de la
population », publié par l’INSEE, est le document qui fixe la graphie officielle
de ces noms, à l’exclusion de toute autre publication émanant ou non d’une
administration (Poste, DDE...). Par conséquent, les noms usités localement, et
produits soit sur le papier à en-tête soit sur le timbre de la mairie, ne
présentent aucun caractère officiel au sens légal de ce terme ; le nom de
l’INSEE doit dans tous les cas être retenu, même s’il est considéré comme erroné
par les autorités municipales : dans ce cas, il appartient au conseil municipal
d’engager la procédure prévue pour le changement du nom d’une commune, action
sans laquelle aucune rectification n’est possible. »
(2).
Si un
conseil municipal engage une procédure de changement de nom, il est évident que
le ou les noms proposés devront suivre les règles fixées, importantes en
particulier dans le cas de noms composés, et être motivés soit par une référence
historique soit pas un risque d’homonymie
(3).
Le Conseil d’État n’admet pas les changements de noms pour de simples
considérations touristique ou économique, en bref, pour faire joli !
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Il y a
deux règles de base à connaître concernant l’orthographe des noms composés,
c’est-à-dire comportant plusieurs termes, distincts ou agglutinés, et
accompagnés ou non d’un article.
·
Tous les
termes prennent la majuscule, à l’exception des articles et prépositions à
l’intérieur du nom.
·
Tous les
termes sont reliés par un trait d’union, à la seule exception de l’article
défini initial, et sans espace de part et d’autre du trait d’union
(4).
D’où les
orthographes officielles que je mets ici, en soulignant les fautes à ne pas
commettre :
L’Argentière-la-Bessée
Champcella
Freissinières
Puy-Saint-Vincent
La
Roche-de-Rame
Saint-Martin-de-Queyrières
Vallouise-Pelvoux
Les
Vigneaux
Toutes
les autres graphies comportent une ou plusieurs fautes d’orthographes.
Les fautes
les plus communes rencontrées concernent l’oubli des traits d’union, une
minuscule à l’article initial ou une majuscule à l’article interne et les
abréviations dans le mot « saint »..
L’Argentière-la-Bessée est souvent mal orthographié sous la forme aberrante
L’Argentière-La
Bessée. Cette graphie cumule les deux fautes majeures au niveau d’un
trait d’union et de l’article interne. L’absence de trait d’union désunit Bessée d’un
curieux terme L’Argentière-La ! Du coup, en guise de trait d’union il faut
penser à ajouter une espace insécable entre L’Argentière-la et Bessée pour
éviter le problème de saut de ligne. Le trait d’union par définition est fait
pour unir dans un seul nom, pas pour séparer comme ici.
La commune s'appelait
L'Argentière jusqu'en 1941 où le nom de la
Bessée lui a été accolé. Un vaste quartier où on distingue
la Bessée Basse,
la Bessée du Milieu et
la Bessée Haute avec une minuscule à
l'article défini. Idem et a fortiori évidemment dans le nom de la commune,
«
la
»
s'écrit avec une minuscule.
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Pendant
longtemps la commune de La-Salle-les-Alpes a été la seule à ne pas suivre la
règle des traits d’union, mais l’INSEE a fini par les rajouter. La création de
communes nouvelles a généré aussi beaucoup de noms ne respectant pas les règles,
on peut s’attendre à ce que l’INSEE fasse aussi le ménage dans la continuité de
la réaction du directeur des collectivités locales
(1).
C’est le cas, par exemple, de la commune nouvelle des Deux Alpes dont l’arrêté
de création a omis le trait d’union, du coup elle est encore enregistrée
temporairement sous le nom « Les Deux Alpes » en attendant « Les Deux-Alpes »
(5) !
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Vallouise, 06 avril 2019
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Notes :
(1)
Notamment la circulaire du 18 avril 2017 du directeur général des collectivités
locales adressée aux préfets et hauts-commissaires de la République, relayée par
un communiqué de l’AMF association des maires de France.
(2) Charte de
toponymie du territoire français,
IGN, 2003.
(3) Les noms officiels de Colmars et de Seyne, deux communes des
Alpes-de-Haute-Provence, différent de leurs dénominations touristiques « Colmars
les Alpes » et « Seyne les Alpes ». Pourtant l’argument du risque d’homonymie
devrait faciliter un changement de nom en Colmars-les-Alpes et Seyne-les-Alpes.
(4) D'ailleurs
un trait d'union avec une espace de part et d'autre est un tiret de séparation !
(5) La
commune des Deux Alpes résulte de la
fusion
des deux
communes de la station des Deux Alpes : Mont-de-Lans et Vénosc. La commune
nouvelle a repris le nom de la station sans correction de la faute d’orthographe
dans l’arrêté préfectoral du 28 septembre 2016 portant création de la commune.
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Références
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