Crues
du mois d'octobre 2006
Le mois d'octobre 2006 a été marqué par
deux épisodes pluvieux
catastrophiques à 3 semaines d'intervalle qui ont en particulier frappé
douloureusement le Pays des Écrins.
Déjà, les 24 et 25 , plus de 50 mm d'eau
étaient tombés en deux jours à Briançon.
La route du Pré de Madame Carle avait été coupée suite à des éboulements,
de même qu'entre Puy-Saint-Eusèbe et Réallon dans l'Embrunais.
Vallée de la Biaysse - La Combe
Crues du
3
octobre 2006
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Route de Dormillouse à la
hauteur du Torrent d'Odeyer |
Photos début novembre 2006 |
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Le 3 octobre 2006, de fortes pluies
orageuses localisées se sont abattues sur la Crête de Dormillouse. La route d'accès à
Dormillouse a été coupée
par les Torrents des Allibrands et surtout d'Odeyer. Le
premier a endommagé le réseau d'alimentation en eau des Viollins, tandis
que le second déposait un volume impressionnant de matériaux dont des blocs
de plus de 120 tonnes. Le Torrent de Chichin a fait un 'tout
droit' au débouché de sa gorge où il a laissé des traces à plus de 2 m
au dessus de son lit. Le parking des résidents situé dans l'axe du
torrent a été endommagé et le pont en bois du chemin d'hiver emporté.
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Parking des résidents |
Crue du
3 octobre 2006 dans la Combe |
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La Biaysse et le Torrent de
Chichin après la crue |
Photos début novembre 2006 |
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Pourtant les lames
d'eau hors de ce secteur n'ont pas été exceptionnelles :
environ 20 millimètres sur l'ensemble des stations. Par
contre, l'activité orageuse a été très importante. La
masse d'air étant douce, on s'est donc retrouvé comme en
juillet 1995 avec des cellules orageuses ponctuelles
très actives entraînant de très fortes
précipitations localement.
Champsaur,
Valgaudemar, Réallon, Vallouise
Crues
du 24 octobre
2006
Pour la troisième fois en quelques semaines, de
fortes pluies ont causé des dégâts importants dans les Hautes-Alpes. Une
situation de foehn, avec lombarde vers la frontière italienne, avec des vents
tempétueux en altitude, a provoqué des pluies importantes et continues durant
toute la journée du lundi 23 octobre
- relevés pluviométriques plus loin dans
le texte - dans un secteur bien
délimité recouvrant le Champsaur et sa bordure sud -
Montagnes de Gournier et de Serre Reyna, le Valgaudemar et les
vallées limitrophes dont le bassin de l'Onde.
Ces pluies chaudes ont fait
fondre la neige tombée en fin de semaine précédente et entraîné le débordement
des torrents.
Trois ponts ont été emportés dans le
Valgaudemar, comme celui de la Séveraisse au lieu-dit Villar-
Loubière, qui dessert une voie communale. Du côté du Champsaur et de
Champoléon, la route départementale a été inondée au niveau des Borels.
Sur la RD 475 entre Orcières et Archinard, route coupée et pont
détruit. Une déviation est mise en place par Serre-Eyraud.
À Réallon,
22 personnes ont été approvisionnées en eau dans le hameau des
Gourniers. Une canalisation a été rompue. De plus, la partie basse du
camping a été inondée ainsi que la base de loisirs. Les protections le long de
la digue ont été endommagées [Alpes
1, brèves du 25 octobre 2006].
Dans la Vallouise, l'Onde est sortie de son
lit, a arraché ses deux rives en amont du Pont des Fontaines et a emporté la canalisation d'eau alimentant une partie de la commune.
Les pistes de ski de fond ont été détruites sur les deux rives.
Le flot, heureusement en bout de course, a néanmoins pu contourné la digue de rive gauche
vers le lieu-dit le Sud.
Dans le même temps, le Gyr situé hors de la
zone de fortes pluies n'a pas bronché.
Durant
plusieurs jours, des
bouteilles d'eau ont été distribuées aux habitants qui pouvaient
également s'approvisionner à la fontaine de la place dont
l'alimentation n'a pas été touchée.
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Lit après la crue |
Canalisation ... à l'eau ! |
Chemin rive gauche |
Chemin rive droite |
Crue de l'Onde du 24 octobre 2006
La zone concernée par les plus gros
dégâts se situe au lieu-dit les Iscles. Ce nom désigne
en toponymie
la zone de divagation des rivières et torrents
au gré de leurs crues où ils établissent de petites îles bien
vite boisées qu'ils détruisent ensuite. Le phénomène s'était déjà produit en ce lieu
et la piste sur la rive gauche
avait déjà été emportée. |
Fin octobre 2006 |
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Glissement de terrain et Chemin rive
droite |
Lit après la crue |
Fin octobre 2006 |
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D'un point de vue météorologique, on a eu
une situation méditerranéenne qui est venue mourir sur nos régions. En général
les phénomènes méditerranéens meurent vers Gap et le Valgaudemar.
Du 19 au 22 octobre, la limite pluie neige se situait vers 2200 à 2600 m. Puis
lors de la dernière poussée, elle est montée au dessus de 3000 m avec une
isotherme 0°C à 3700 m. Il est tombé le 23 octobre 51 millimètres à Gap,
63 millimètres à Saint-Étienne-en-Dévoluy, 104 millimètres à la
Chapelle-en Valgaudemar, 140 millimètres dans le Champsaur, 56 millimètres à Puy-Saint-Vincent, 41
millimètres à Pelvoux et 42 millimètres à Briançon. La lombarde
a asséché la masse d'air en haute vallée de la Durance puisque
l'on n'a eu que 16 millimètres à Embrun avec 75 km/h de lombarde.
Il faut ajouter à ces hauteurs d'eau environ 20 millimètres correspondant à
la fonte de la neige tombée la semaine précédente. Pour la Vallouise, les
fortes pluies se sont donc concentrées sur le massif
de Bonvoisin limitrophe du Champsaur et du Valgaudemar.
Épisode pluvieux localisé donc, mais aux
conséquences sérieuses dans la vallée de l'Onde, qui met en évidence
la vulnérabilité, à
vrai dire connue, de la plaine de Vallouise. La digue abaissée pour le passage de la
piste a en particulier montré un point de faiblesse inquiétant en cas de crue de plus grande
ampleur.
En haute vallée de la Durance le maximum en 24 h
est de 103 millimètres à Briançon, enregistré le 11 novembre 1996. Ce
jour là, l'isothermie a atteint une amplitude record 1200 m : isotherme 0°C à
2400 m, limite pluie-neige à 1200 m. C'est ce phénomène qui limite les crues en
fin d'automne et en hiver. Le sud du département peut par contre avoir des lames
d'eau infiniment plus importantes, supérieures à 200 mm en 24 h. Il y a en effet assèchement de la masse d'air après
les Préalpes (Dévoluy) et le Champsaur.
Les fortes
précipitations méditerranéennes peuvent atteindre la plaine du Pô mais ne
dépassent guère la zone frontalière. De fortes inondations avaient eu lieu
durant les automnes 1993, 1996, 2002 en Italie et dans la basse vallée
du Rhône. Par contre la haute vallée de la Durance est protégée par
la lombarde (assèchement) et par des limites pluies neige qui baissent
vite comme en 1996.
Les crues les plus mémorables sont celles de 1856 (fin mai, crue millénaire) et
mi juin 1957 : pluie + fonte rapide du manteau neigeux très dense :
0,5 de densité - soit 100 millimètres pour
20 cm de neige fondue ! (Conditions
réunies si le printemps est froid et qu'un brutal réchauffement avec pluies
orageuses et lombarde violente et chaudes s'en mêlent). Les neiges
précoces d'automne ne dépassent pas 0,2 de densité. D'ou des phénomènes de
moindre ampleur.
Informations météorologiques et
historiques aimablement communiquées par Alain Morel.
Tous mes remerciements.