SAN FRANCISCO (AFP) - Du mont
Kilimandjaro aux Andes, la fonte accélérée des glaciers de montagne
témoignent du
réchauffement climatique de la planète avec de sérieuses conséquences
sur les écosystèmes locaux et le reste du globe, ont déploré des
scientifiques réunis cette semaine à San Francisco.
"La retraite généralisée des glaciers
de montagne pourrait constituer l'indication la plus probante du
réchauffement du
climat terrestre alors que ce phénomène intègre de nombreuses variables
climatiques", a expliqué Lonnie Thompson, un climatologue de l'Université de
l'Ohio (est), lors d'une conférence de presse en marge de la conférence
annuelle de l'Association américaine pour la promotion de la science (AAAS).
Le rythme de fonte est tel que le
glacier Qori Kalis au Pérou,
partie de la calotte glaciaire Quelccaya, la plus grande des Tropiques,
pourrait avoir totalement disparu dans les cinq prochaines années, a-t-il
dit.
Pour mesurer la fonte des glaciers,
les scientifiques surveillent très régulièrement leur évolution par
l'analyse d'échantillons de glace et d'eau ainsi que des surfaces du sol qui
ne sont plus recouvertes.
Ils ont ainsi découvert des plantes anciennes qui selon une datation au
carbone avaient été enterrées et préservées par la glace il y au moins 5.000
ans. Ceci signifie que la retraite actuelle des glaciers andins est la plus
importante depuis au moins 50 siècles, soulignent ces scientifiques.
"Nos hautes montagnes sont comme le
troisième pôle de la planète, ce sont les régions du globe les plus froides
et aussi les plus sensibles au réchauffement", a relevé Henry Diaz, expert
de l'Administration fédérale des océans et de l'atmopshère (NOAA) lors de la
même conférence de presse.
Les modèles informatiques sur le
réchauffement du
climat indiquent que l'effet de serre atmosphérique fait monter les
températures davantage à haute altitude, a-t-il souligné.
Cette projection est jusqu'à présent
confirmée par le rythme de fonte tout aussi accéléré des glaces du
Kilimandjaro, plus haute montagne d'Afrique (5.895 mètres), située en
Tanzanie dont Lonnie Thompson craint qu'elles ne disparaissent complètement
en moins de quinze ans."Les
glaces du Kilimandjaro comme celle du Mont Kenya, du Rwenzori, également en
Afrique, comme celles
des Andes et de l'Himalaya sont en déroute".
La température moyenne du globe est
aujourd'hui de quelques degrés inférieure à celles du moment le plus chaud
de la période interglaciaire il y a environ 125.000 ans, a souligné ce
climatologue. La fonte des calottes glaciaires avait alors fait monter les
océans de près de six mètres.
Selon le dernier rapport du groupe
d'experts de l'ONU sur le climat la température moyenne de la Terre pourrait
être, d'ici la fin du siècle, de trois degrés supérieure à celle
d'aujourd'hui.
Ce climatologue a aussi noté une
autre évolution alarmante au Groenland où le plus grand glacier, le
Jakobshavn, a déversé ses glaces dans l'océan deux fois plus rapidement ces
dix dernières années.Par
ailleurs, une étude de la
Nasa publiée jeudi montre un plus grand risque potentiel pour la
stabilité des glaciers de l'Antarctique et leur possible effondrement qui
pourrait faire monter fortement le niveau des océans. Environ 90% de la
glace de la planète y sont contenus.
Mais à moins long terme, la fonte
accélérée des glaciers de montagne risque d'affecter sévèrement des millions
de personnes dont un grand nombre dans des pays pauvres qui dépendent
notamment de l'eau provenant de ces glaciers pour cultiver leur terre et
leur consommation.La
disparition des célèbres neiges du Kilimandjaro pourrait aussi porter un
coup sévère à l'économie tanzanienne dont les recettes touristiques liées à
cette montagne sont la principale source de revenu, selon Lonnie Thompson.