Population du Pays des Écrins
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Chaque année maintenant, l'INSEE produit en début d'année les
populations légales des collectivités locales. Les populations légales
millésimées 2011 entrent en vigueur le 1er janvier 2014. Elles résultent des
dernières opérations de recensement conduites en 2010.
_______________
Populations légales
La population totale du Pays des
Écrins au 1er janvier 2014 est fixée à 6 826
habitants, somme des
populations totales des neuf communes, en hausse de 62 habitants, soit
+0,92 % par rapport aux populations légales au 1er janvier 2011.
On retiendra donc un nombre
d'habitants arrondi à 6 800.
La
population municipale du Pays des
Écrins au 1er janvier 2014 est arrêtée à 6 624
habitants, somme des
populations municipales des neuf communes, en hausse de 57
habitants, soit +0,87 % par rapport aux populations légales au 1er janvier
2011.
On retiendra donc un nombre
d'habitants arrondi à 6 600.
Les populations municipales
correspondent aux populations résidant habituellement dans les communes. Elles
servent de base aux comparaisons diachroniques et aux analyses.
Les populations totales
incluent les populations municipales au sens strict et les populations
comptées à part (1).
|
Population/Commune |
Habitants |
|
L'Argentière |
2 398 |
2 322 |
= |
Saint-Martin-de-Queyrières |
1 103 |
1 073 |
↓ |
La Roche-de-Rame |
873 |
847 |
↑ |
Vallouise |
778 |
752 |
↑ |
Les Vigneaux |
507 |
488 |
↑ |
Pelvoux |
483 |
471 |
↑ |
Puy-Saint-Vincent |
297 |
292 |
↓ |
Freissinières |
210 |
203 |
↑ |
Champcella |
177 |
176 |
↑ |
Pays des Écrins |
6 826 |
6 624 |
↑ |
|
Évolutions des populations
municipales depuis 1968
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version grand format |
Populations légales et municipales au
1er janvier 2014
Source
INSEE |
La fragilité des communes reste forte, c'est même une faiblesse
majeure du Pays des Écrins : d'une part, 4 communes seulement sur 9 ont plus de 500 habitants et 2 plus de
1 000, alors que 3 ont moins de 300 habitants ; et d'autre part, seulement 3
communes ont une population au-dessus de la population moyenne (806
habitants) des communes du département des Hautes-Alpes. Autrement dit, le 1/3
des communes, situées dans l'axe durancien, concentre les 2/3 de la population
et inversement.
La démographie ne justifie simplement plus ce statu quo, issu de
la Révolution, devenu complètement dépassé et contreproductif. Le maintenir relève, pour l'instant encore, de l'irresponsabilité
collective de la part des élus. On le constatera d'ailleurs au côté surréaliste de
bien des analyses qui suivent.
_______________
Évolution des démographiques communales depuis
1968
Toutes les communes ne sont pas logées à la même
enseigne et les évolutions démographiques sont variables de l'une à l'autre.
Entre 1968 et 2011, la population municipale du Pays des
Écrins est passé de 4 946 à 6 624 habitants
en croissance sur la période de +34 %. La palme de la croissance sur
cette longue période revient à
Puy-Saint-Vincent (+150 %) devant les Vigneaux (+135 %) et Saint-Martin-de-Queyrières (+121 %), tandis que Champcella (-11 %) et
Freissinières (-6 %) ont perdu des habitants et alors que l'Argentière
(- 3 %) devra encore patienter pour retrouver sa population antérieure
[attention toutefois car l'Argentière est victime d'un biais statistique
dont il est important de tenir compte (2)].
Globalement, la Vallouise
a vu sa population municipale passée de 1 052 à 2 003 habitants (+ 90 %),
avec
+80 % pour Vallouise et +52 % pour Pelvoux. La Roche-de-Rame
est dans la moyenne avec +41 %.
Au titre de l'anecdote, l'ordre des communes a légèrement évolué
par rapport au recensement de 1999
(3), puisque la commune des Vigneaux
a doublé celle de Pelvoux.
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Variations annuelles 1999 - 2010 |
Solde |
Naturel |
E / S |
L'Argentière |
0,0 % |
0,0 % |
0,0 % |
Saint-Martin-de-Queyrières |
+1,4 % |
+0,6 % |
+0,8 % |
La Roche-de-Rame |
+1,9 % |
+0,4 % |
+1,5 % |
Vallouise |
+1,5 % |
+0,3 % |
+1,1 % |
Les Vigneaux |
+1,9 % |
+0,6 % |
+1,2 % |
Pelvoux |
+1,4 % |
+0,3 % |
+1,1 % |
Puy-Saint-Vincent |
+0,9 % |
+0,5 % |
+0,4 % |
Freissinières |
+1,5 % |
+0,5 % |
+1,0 % |
Champcella |
+1,9 % |
-0,3
% |
+2,2 % |
Pays des Écrins |
+1,0 % |
+0,3 % |
+0,7 % |
|
Évolutions des populations
municipales depuis 1968
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Solde des variations - Solde
naturel - Solde des entrées/sorties
Source
INSEE |
Depuis 1990, le solde migratoire est positif et les arrivées de nouveaux
habitants ont constitué le moteur de la croissance démographique alors que le
solde naturel qui s'était essoufflé est revenu au niveau initial. Sur le long
terme, la population s'est largement renouvelée dans pratiquement toutes les
communes et les distinctions artificielles entre populations autochtone et
nouvelle ne veulent globalement plus rien dire
(4). Si on met à part le cas spécifique de
l'Argentière, trop impactée par son passé industriel, Puy-Saint-Vincent
est la commune où le renouvellement de la population a été le plus faible et
la Roche-de-Rame, celle où il a été le plus important
(5).
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Évolution des démographiques
communales depuis 1999
Entre 1999 et 2014, soit sur la période plus représentative des quinze dernières
années, la figure est tout autre. La palme de la croissance va cette
fois à la Roche-de-Rame (+24 %),
Champcella (+23 %) et les Vigneaux (+22 %) alors que
Puy-Saint-Vincent (+10 %) commence à patiner un peu et que l'Argentière-la-Bessée
stagne (-0 %). Le Pays des
Écrins, avec une croissance de +11 %, soutient
encore la comparaison avec le
département (+13 %).
|
Variations récentes |
1999-2010 |
2009-2010 |
L'Argentière |
-0 % |
-0,1 % |
Saint-Martin-de-Queyrières |
+16 % |
-0,7 % |
La Roche-de-Rame |
+24 % |
+1,1 % |
Vallouise |
+17 % |
+1,0 % |
Les Vigneaux |
+22 % |
+1,7 % |
Pelvoux |
+17 % |
+0,4 % |
Puy-Saint-Vincent |
+10 % |
-2,6 % |
Freissinières |
+17 % |
+2,6 % |
Champcella |
+23 % |
+1,2 % |
La Vallouise |
+17 % |
+0,5 % |
Pays des Écrins |
+11 % |
+0,2 % |
Hautes-Alpes |
+13 % |
+0,8 % |
|
Évolutions des populations
municipales depuis 1999
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Par contre, entre 2009 et 2010, la croissance de la population du
Pays des Écrins marque vraiment le pas, à +0,2 %, contre
plus de +1,0 % par an
durant la dernière décennie, quatre fois moins que le
département (+0,8 %). L'Argentière continue à stagner, toujours au profit
apparent des Vigneaux ; surtout Saint-Martin-de-Queyrières, si
dynamique précédemment, décroche (-0,7 %) et Puy-Saint-Vincent
recule nettement de -2,6 %. Le dynamisme des autres communes, où Freissinières
en particulier se détache avec +2,6 %, ne suffit pas. Ce ne pourrait être
qu'un trou d'air si les estimations de populations légales de l'INSEE ne
confirmaient ces tendances et notamment les évolutions contrastées entre
Freissinières et Puy-Saint-Vincent, deux communes entre 200 et 300
habitants aux stratégies opposées : un mode de développement doux et durable
pour l'une, un mode de
développement purement immobilier, focalisé sur le tout-ski et sans volet
social pour l'autre. La
Vallouise, dans son ensemble, réussit toutefois à compenser le recul de
Puy-Saint-Vincent, grâce au dynamisme des trois communes de vallée. Au
final, c'est le décrochage de Saint-Martin-de-Queyrières qui impacte le
plus le canton et qui provoque sa stagnation.
_______________
Poids respectifs des communes
Globalement, ces évolutions différentiées entre communes ont toutefois
profondément modifié les poids de chacune d'elle dans le canton. C'est ainsi que
l'Argentière qui pesait presque la moitié en 1968 ne pèse plus
qu'un peu plus du tiers aujourd'hui, au profit de Saint-Martin-de-Queyrières,
passé de 10 à 16 % et surtout de la Vallouise
qui gagne 10 %.
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|
Comparaison des poids relatifs des
communes en 1968 et en 2014
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_______________
Répartition par tranche d'âges
La répartition des habitants par tranche d'âge au
niveau du Pays des Écrins indique plus de moins de 20 ans et moins de
plus de 65 ans que dans le reste du département où les classes d'âge les plus
élevées ont vu leur population augmenter.
Elle s'établit à environ 24 % de moins de 20 ans, 58 % entre 20 et 64 ans et
18 % de 65 ans et plus, avec aussi une légère tendance au vieillissement.
|
|
Répartition des habitants par
tranches d'âge
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Par
contre, la variabilité entre communes est plus forte. C'est ainsi que
Saint-Martin-de-Queyrières reste plus jeune et la Vallouise un peu
moins. Vallouise et Pelvoux deviennent des lieux de
résidences pour retraités (environ 23 % de 65 ans et plus).
Les Vigneaux sont néanmoins bien positionnés alors que la situation de
Champcella reste critique et que Freissinières confirme son dynamisme
par sa nouvelle jeunesse.
L'Argentière et la Roche-de-Rame
se signaleraient eux plutôt par un manque d'actifs dans la tranche entre 20 et
64 ans.
|
|
Comparaison des répartitions par
communes des habitants de moins de 20 ans et de 65 ans et plus en 2010
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L'évolution des moins de 14 ans est importante
car elle impacte l'évolution des effectifs scolaires. Globalement, le Pays
des Écrins a perdu 18 enfants entre 2007
et 2009 avec de fortes disparités. C'est ainsi que
Saint-Martin-de-Queyrières voit le nombre de ses enfants s'effondrer,
avec une diminution de 29 enfants, soit plus que l'effectif d'une classe, et
que Puy-Saint-Vincent a aussi perdu 10 enfants pour un effectif final de
50. On comprend mieux l'affaire de l'école, qui n'a jamais été que la
conséquence de l'évolution démographique de la commune.
|
Évolution des moins
de 14 ans |
2010 |
Δ |
L'Argentière |
432 |
+12 |
Saint-Martin-de-Queyrières |
231 |
--29 |
La Roche-de-Rame |
164 |
+4 |
Vallouise |
117 |
+1 |
Les Vigneaux |
98 |
-1 |
Pelvoux |
78 |
+3 |
Puy-Saint-Vincent |
50 |
-10 |
Freissinières |
38 |
+2 |
Champcella |
22 |
0 |
La Vallouise |
343 |
-7 |
Pays des Écrins |
1230 |
-18 |
|
Évolutions des moins de 14 ans
entre 2007 et 2010
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_______________
Répartition par catégories socioprofessionnelles
Étant donnée la faible taille des
communes, la répartition des habitants par catégories socioprofessionnelles ne
peut s'apprécier qu'au
niveau du Pays des Écrins (6).
Et la catégorie socioprofessionnelle la mieux représentée est sans surprise
celle des retraités (29 %), les actifs (58 %) étant répartis sur 6 catégories.
Suivent les catégories des employés et des professions intermédiaires. La
catégorie des agriculteurs et exploitants agricoles est bonne dernière ne
rassemblant que 1,4 %. Mais la progression des agriculteurs et exploitants
agricoles est remarquable car elle ne représentait que 0,8 % de la population en
1999. Le nombre d'agriculteurs a plus que doublé en une décennie avec beaucoup
de nouveaux agriculteurs ces toutes dernières années. Eh non, l'agriculture
n'est pas morte dans le Pays des Écrins, c'est au contraire un domaine en
pleine croissance avec de nombreux jeunes qui se lancent. Le nombre d'ouvriers a
fort logiquement diminué (de 16 à 12 %) à la suite de la fermeture de plusieurs
usines à l'Argentière-la-Bessée et la Roche-de-Rame au profit des
professions intermédiaires (de 14 à 17 %). Le nombre d'artisans,
commerçants et chefs d'entreprise a moyennement progressé (+35 %) à 6 % de la
population, tandis que cadres et professions supérieures (à vrai dire peu
nombreux, moins de 5 %) progressent nettement (+76 %). Le nombre de
personnes sans activité professionnelle a fortement chuté (-31 %). C'est une
catégorie assez disparate qui regroupe les scolaires de plus de 15 ans, les
étudiants, les personnes au foyer et les chômeurs. En définitive, la population
active est passée de 56 à 58 % de la population totale.
|
|
Évolutions relatives et Poids
relatifs par
catégorie socioprofessionnelle
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_______________
Analyses par commune
_______________
L'Argentière-la-Bessée n'a toujours
pas réussi à retrouver sa population d'avant 1968 [attention au biais
statistique rappelé dans la note (2)]. Les années 1980 avec
le choc industriel et le départ de nombreux habitants lui ont fait très mal.
Même la dernière décennie a été difficile. Le virage touristique est effectif et le dynamisme de la commune est
réel dans ce domaine, mais
dynamisme touristique et dynamisme démographique ne font pas forcément bon
ménage. La disponibilité de terrains constructibles semble en cause, mais peut-être
vaudrait-il mieux densifier que continuer à trop s’étaler ?
Il conviendrait surtout de sortir du
cadre communal et de réaliser que c'est un faux problème si on aborde la
question au niveau du bassin de population de l'Argentière qui inclut
les Vigneaux, Sainte-Marguerite et s'étend jusque vers la
Roche-de-Rame, Champcella et Freissinières.
_______________
Les Vigneaux présente une
démographie dynamique en forte croissance avec l'arrivée de nouveaux habitants
dès les années 1970 et une structure de population plutôt jeune. Il y a sans
doute un phénomène de vases communicants avec l'Argentière, notamment au
Barry. Dans la discrétion et
l'air de rien, c'est la commune qui sur le long comme sur le court terme tire le
mieux son épingle du jeu et remporte à nouveau la palme de la démographie (!).
Mais cette croissance est plus dépendante des contraintes de l'Argentière
que de sa dynamique propre.
_______________
Vallouise accueille également pas
mal de nouveaux habitants et son solde migratoire est favorable malgré un trou
d'air dans la décennie 1990. Par contre, les nouveaux arrivants sont souvent de
jeunes retraités sortis de la vie active. La sociologie de la population change
et les coûts de logement pèsent de plus en plus sur la population active. Le vieillissement de la population s'est nettement accentué
ces dernières années et la
commune va devoir réagir pour inverser la tendance et favoriser plutôt l'accueil
et le logement d'actifs.
_______________
Le phénomène est analogue à Pelvoux,
où on observe une prolifération de chalets individuels, au détriment des terres
agricoles, et quelques résidences touristiques à lits froids. La commune avait décroché
par rapport à ses voisines dans les années 1980 en se faisant même doubler par les Vigneaux,
mais sa démographie s'est bien redressée depuis 1999. L'absence de structure en
village et le grand écart entre une station d'hiver et une station d'été
distinctes et trop distantes ne permettent plus à la commune de maintenir ses
commerces et ses hôtels et elle se transforme rapidement en un vaste
lotissement à force de mitage de son territoire.
_______________
Puy-Saint-Vincent était moribonde
avant la création de la station avec à peine plus d'une centaine d'habitants. La
station a fait rebondir la commune. Mais la forte croissance du nombre
d'habitants due au développement de la station est terminée. La croissance qui s'était ralentie
dans la dernière décennie,
s'est inversée ces dernières années. Avec une baisse de -2,6 % causée par un
solde migratoire fortement déficitaire et une prévision négative de l'INSEE, la
chute pourrait devenir préoccupante.
Si cette tendance devait se poursuivre,
elle marquerait le double échec
d'un mode de développement purement
immobilier, focalisé sur le tout-ski et sans volet social, et d'une stratégie de
repli sur soi. Conséquences : des entreprises artisanales (menuiseries) ou
agricoles ont préféré s'installer aux Vigneaux ou à l'Argentière
et ceux qui travaillent sur la commune habitent ailleurs. Il ne faut pas
chercher plus loin la cause des difficultés de l'école. La cause en est
démographique et elle est toujours d'actualité. La commune doit changer
d'urgence de politique.
Le contraste entre
d'un côté la faiblesse critique de la population permanente et de l'autre la multiplication des chalets individuels
et des immeubles en station, inoccupés pendant les
3/4 de l'année, font en effet craindre pour l'avenir de la commune. Par contre,
ce serait moins critique pour la survie de la commune si elle constituait un
pôle station d'une collectivité plus large.
_______________
Au total, la Vallouise, constituée
de ses 4 communes, représente le 2e pôle démographique du canton avec 30 % de sa
population. La croissance de sa population est régulière, mais plus qu'ailleurs
son orientation touristique a complètement transformé sa structure sociale, au
risque de marginaliser sa population d'origine. Par contre, le contraste est
grand entre le dynamisme des communes de vallée et Puy-Saint-Vincent qui
paie durement sa marginalisation volontaire. Mais à l'échelle de la vallée et du
canton, il ne s'agit que d'un rééquilibrage qui n'est à souligner que dans un
contexte de la multiplicité de petites communes.
Toutefois, se pose la question,
importante pour le Pays des Écrins, de la capacité de la commune de
Puy-Saint-Vincent à contrôler 27 % de la richesse économique du canton.
C'est un risque qui va devoir être solutionné.
_______________
Champcella et Freissinières,
deux communes éclatées en hameaux, ont perdu beaucoup d'habitants. Leur population commune s'élève à 357
habitants et représente moins de 6 % de celle du Pays des Écrins.
Leurs évolutions ont longtemps été parallèles. Mais, les pyramides des âges des 2 communes divergent, Champcella a
28 % de sa population âgée de plus de 60 ans et 16 % âgée de moins de 20 ans, et
son taux de natalité de 4,1 ‰ est alarmant, alors que pour Freissinières
ces chiffres sont respectivement de 17 %, 24 % et 15,0 ‰.
Toutefois, le
renouvellement de population, déjà noté en 2011, se confirme à Champcella avec un
fort solde migratoire ces dernières années, supérieur à 2 % par an, qui est
le moteur à la fois de sa croissance et du rajeunissement de sa population
car son solde naturel est toujours négatif.
De son côté, Freissinières connaît
un véritable boom démographique entre 2011 et 2014 avec une croissance de près
de 9 %. La commune engrange les résultats de sa politique de développement
harmonieux et de tourisme doux.
_______________
La Roche-de-Rame a connu des hauts
et des bas avec même une chute de population par départ de ses habitants entre
1982 et 1999 provoqué par les difficultés de ses entreprises industrielles. Mais
elle a plus que rattrapé son retard dans la dernière décennie avec à nouveau un
solde migratoire fortement positif. Les habitants votent avec leurs pieds
et vont là où ils peuvent se loger au meilleur compte au détriment en
particulier de l'Argentière.
_______________
Saint-Martin-de-Queyrières a connu
une forte croissance de sa démographie avec une arrivée importante de nouveaux
habitants jusqu'en 2007. Mais celle-ci s'est brusquement interrompue au point
que sa population municipale avait déjà légèrement diminuée en 2011, alors qu’elle avait continué à
croître dans les autres communes. Entre 2011 et 2014, la commune a carrément
décroché avec une décroissance de -2,6 %. En regardant plus en détail, le
solde migratoire est devenu négatif et même de plus en plus. Il y a plus de gens
qui quittent la commune que de gens qui viennent y habiter.
Corrélativement, la population en âge
scolaire diminue encore plus vite que la population totale et n’en représente
plus que 21 % contre 23 %, 4 ans plus tôt, soit 29 enfants en âge scolaire de
moins en 4 ans. Plus d’une classe ! Tout se passe comme si c’était les couples
d’actifs entre 30 et 45 ans qui étaient partis (la tranche d’âge qui a encore
plus diminué que la tranche < 14 ans).
La commune paie certainement là les
conséquences d'une mandature chaotique sans stratégie de développement. Toutefois, sa pyramide des âges
reste toujours favorable et son taux de natalité est, après celui de Freissinières,
le plus fort du canton. Mais il faudra bien que ces jeunes puissent trouver à se
loger et à travailler une fois à l'âge adulte, le manque d'anticipation dans ce
domaine pourrait bien être la grande cause de la déconvenue de
Saint-Martin-de-Queyrières.
_______________
En conclusion, le dynamisme du Pays des
Écrins, constaté jusqu'en 2011,
marque le pas. Si les baisses à Puy-Saint-Vincent et à l'Argentière
se sont faites au profit des autres communes, le solde migratoire négatif de
Saint-Martin-de-Queyrières impacte directement le canton. Avec +0,9 %,
celui-ci
décroche par rapport au département (+3,3 %) et par rapport à l'arrondissement
de Briançon (+1,5 %). Il n'a pas forcément perdu en attractivité
(7) car les arrivées restent
nombreuses mais le Pays des Écrins va
devoir sérieusement veiller à ce que sa jeunesse ne soit pas obligée de partir
une fois arrivée à l'âge adulte.
Plus dans le détail, on constate
l'effacement tout relatif du chef-lieu compensé par les poussées de la
Vallouise. Ceci devrait inciter à
arrêter la centralisation des services au chef-lieu et devrait justifier une
approche plus multipolaire, notamment en matière de services. Les plans de
développement doivent également tenir compte de l'installation, en Vallouise
notamment, de résidents permanents retraités. L'offre de services de proximité et
d'assistance à la personne, l'offre médicale, l'offre culturelle à l'année, etc.
vont être des enjeux du futur pour le maintien de ces nouveaux habitants ou ...
leur retour vers leurs bases antérieures.
L'éclatement de l'habitat en hameaux
dispersées dans des communes sans chef-lieu reste une caractéristique du Pays
des Écrins et une faiblesse majeure pour sa vie sociale, économique et
culturelle. Seules l'Argentière et Vallouise possèdent un
centre-bourg plus ou moins actif avec une activité commerciale permanente, mais
fragile à Vallouise où le secteur commercial au bas de la Casse
nécessiterait d'être redynamisé.
La publication de ces résultats
correspondant avec la fin d'une mandature, difficile de ne pas y voir la
reconnaissance des succès ou la sanction des échecs des différentes politiques
menées par les municipalités. À ce petit jeu, le dynamisme de Freissinières
contraste avec le recul de Puy-Saint-Vincent, tandis que
Saint-Martin-de-Queyrières paie les troubles de sa mandature.
_______________
Il n'aura échappé à personne que cette
analyse au niveau des communes est complètement surréaliste. Avec une seule
commune, on ne se préoccuperait pas de la stagnation de l'Argentière au
profit des communes environnantes. Que Puy-Saint-Vincent régresse au
profit des autres communes n'aurait rien d'alarmant. Dans un cas comme dans
l'autre, ce ne serait qu'une question d'aménagement et de redistribution au sein
d'une même commune. Ce qui est normal et classique au sein d'une commune de
taille moyenne, de 6 à 7 000 habitants, prend ici une tout autre tournure. Les
mouvements intra-communautaires sont secondaires - il ne s'agit que de
rééquilibrages ! Le problème le plus important du canton s'est révélé à
Saint-Martin-de-Queyrières avec la difficulté à fixer les nouveaux adultes.
Elle n'avait pas été anticipée et pour l'instant elle est sans réaction.
Quand nos élus comprendront-ils enfin
qu'il leur faut dépasser cette vision étriquée et obsolète du territoire et
qu'il serait temps qu'ils travaillent tous ensemble au développement du Pays
des Écrins au lieu de s'obstiner dans des querelles indignes qui les
déconsidèrent. Si les prochaines élections pouvaient faire émerger un leader
capable de dépasser les inerties locales et de tous les faire travailler
ensemble à dynamiser le Pays des Écrins, ce serait une sorte de petit
miracle. Mais on peut toujours rêver !
_______________
Le décrochage du Pays des Écrins
par rapport au Grand Briançonnais est à relativiser car
les évolutions sont variables entre les différentes communautés de communes :
croissance du
Briançonnais, qui masque le recul de la
vallée de la Guisane, envolée du Guillestrois et stagnation du Queyras au profit du Guillestrois.
La vallée de
la Guisane paie un lourd tribut à sa stratégie de développement touristique
de grande station internationale. A contrario Montgenèvre et Vars
qui avaient marqué le pas se sont bien reprises. L'inquiétude est grande sur le
devenir du Queyras qui apparaît bien sombre. Sa population décroit en
effet fortement depuis son maximum de 2007 : 2 470 habitants contre 2 101
aujourd'hui, soit une chute impressionnante de -15 % en quelques années. Par
exemple, la population de Ristolas se lasse des inondations à répétition.
_______________
Notes
:
(1) Les populations comptées à part
comprennent certaines personnes dont la résidence habituelle est dans une autre
commune mais qui ont conservé une résidence sur le territoire de la commune
(étudiants, personnes en maisons de santé, maisons de retraite, foyers et
résidences sociales, membres de communautés religieuses, militaires, ...).
(2) Le passage au recensement rénové en
2004 a eu pour conséquence d’avoir deux séries comparatives dans les bases de
données de l’INSEE. La série des populations sans doubles comptes de 1962 à 1999,
et la série des populations municipales de 1999 à aujourd’hui. Voici la
recommandation de l’INSEE concernant le basculement de l’une à l’autre : « Pour
le calcul des évolutions de population entre les recensements de 1999 et de 2006
il est préférable de prendre en compte, pour 1999, la population statistique
issue de l’exploitation principale plutôt que la population sans doubles comptes
car elle est plus homogène avec la population de 2006. Dans la plupart des cas
les deux chiffres sont identiques ou très proches mais pour certaines communes
des écarts plus importants peuvent exister. »
Or pour l’Argentière, il semble que
l’on se retrouve dans ce cas de figure car, en 1999, on avait respectivement
2289 pour la population sans doubles comptes et 2325 habitants pour la
population municipale. Conformément à sa propre recommandation, l’INSEE a adopté
2325 habitants comme référence de départ de la nouvelle série statistique des
populations municipales. Ces écarts se sont gommés dans le temps pour la plupart
des communes mais évidemment pas là où les évolutions ont été faibles. Il y a
donc un biais initial à l’Argentière (de l'ordre de +1,6 %) dont il faut
tenir compte, mais hors statistiques.
(3) Le recensement de 1999 sert toujours
de référence pour les comparaisons, alors que des recensements ont eu lieu en
2006, 2009 et 2010.
(4) Toutefois, la variabilité de ce
constat est d'autant plus forte que le champ d'observation est plus réduit, au
niveau des villages et a fortiori des hameaux où des clivages forts subsistent
encore, avant que les résidences secondaires ne l'emportent.
(5) Malheureusement, la base de données de
l'INSEE ne permet plus de faire des analyses fines de ces mouvements de
population.
(6) ... et à la rigueur pour
l'Argentière.
(7) Difficile toutefois d'apprécier
l'attractivité d'un pays. Cet aspect mériterait une étude plus approfondie, car
d'un côté on fait le constat de l'arrivée de nouveaux habitants, mais de l'autre
les difficultés sont grandes pour attirer des personnes aux activités ciblées et
ensuite les faire rester, l'exemple des médecins est significatif.
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Références
:
Résultats du recensement de la population,
source INSEE
Populations légales,
source INSEE
Articles connexes
Population du Pays
des Écrins (édition 2011)