Pays
des Écrins
Histoire d'eau (2)
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On se rappelle le projet
d'embouteillage de l'eau de Vallouise, objet d'un précédent
article dont la concrétisation
devait commencer d'ici la fin de l'année 2012.
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On en est très loin et les conditions
ne semblent pas encore remplies pour que le projet entre en phase de
réalisation. On en est au stade d'une convention de partenariat à signer entre,
d'une part la communauté de communes du Pays des
Écrins et les communes de l'Argentière et de Vallouise, et d'autre part une
entreprise, dite « la Société », intéressée par la commercialisation de l'eau
sous l'appellation « Eau de Vallouise » (1)
et qui créerait et exploiterait à cette fin une unité d'embouteillage localisée
à
l'Argentière-la-Bessée. Le conseil
communautaire et le conseil municipal de Vallouise ont approuvé le
principe de la signature de la convention de partenariat, mais pour l'instant en
des termes différents, tandis que le conseil municipal de l'Argentière ne s'est
pas encore prononcé.
Bizarrement, alors que ce n'est pas son
objet et que cela n'intéresse pas la société partenaire, la convention fixe la
répartition de la redevance par col entre les collectivités. La fixation de
cette répartition a donné lieu à un psychodrame, non encore complètement résolu,
qui laissera des traces. On connaissait le proverbe, il ne faut pas vendre la
peau de l'ours avant de l'avoir tué ; là on s'est étripé et on s'étripe
encore sur le partage du produit de la vente de la peau d'un ours encore
hypothétique au lieu de s'assurer que la convention crée les conditions de
l'existence de l'ours.
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Plus grave, « la Société », censée
mener le projet, des études de faisabilité à la réalisation et à la
commercialisation, nommée SDEES (prononcer SDISE) pour Société de
Développement et d'Exploitation des Eaux de Sources, n'existe que depuis
le mois de juin 2012 avec un capital de 200 k€. Autrement dit, elle n'a pas la
capacité financière d'investir les 15 ou 20 millions d'euros nécessaires et n'a
aucune référence dans le métier.
En fait, il s'agit d'un simple fonds de
commerce dont l'objet est
: « le conseil pour les affaires et la gestion et plus particulièrement le
conseil et l'assistance opérationnelle apportés à des sociétés d'exploitation
d'eaux de sources. » Il ne s'agit donc pas d'une entreprise industrielle, mais
d'une société de portage d'affaires. Malgré l'absence de références, on pourrait
comprendre l'intervention d'une société de ce type dans la phase
« projet ». Mais la convention de partenariat porte aussi sur la phase
« réalisation », incluant la construction et le fonctionnement de l'unité
d'embouteillage, et jusqu'à la commercialisation de la ressource en eau. Et dans
ces domaines, elle n'a ni compétence, ni moyens. C'est pourtant elle qui
s'engagerait à verser une redevance annuelle et à rembourser les investissements
engagés par la Communauté de communes !
On ignore donc toujours qui se cache
derrière cette société écran et quelle en est la stratégie réelle (développement
ou étouffement d'un nouvel arrivant sur un marché déjà tendu).
On comprend juste qu'il ne veut pas prendre de risques.
Car en l'état, la convention engage l'investisseur et
l'industriel a minima et fait supporter tous les risques (2)
aux collectivités, et notamment au maître d'ouvrage : la Communauté de communes.
Une convention de partenariat ayant un objet aussi large que la création, le
développement, l'exploitation et la commercialisation ne peut qu'être signée
avec le décideur réel. Elle doit inclure des garde-fous pour protéger les
intérêts des collectivités en cas de défaillance ou de cession du projet.
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Espérons que l'on en saura vite plus sur ce mystérieux
investisseur, sur ses intentions, sur sa solidité financière et sur ses
références, et qu'il finira par s'engager lui-même. C'est une condition
indispensable à la réussite du projet, sauf à devoir repartir sur un appel
d'offre en bonne et due forme.
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Vallouimages
Vallouise, 16 avril 2013
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Notes :
(1)
On notera que le bon sens a éliminé le
nom proposé il y a un an :
Vallouise 1350.
(2) Un risque important se situe au niveau de la faisabilité de
la canalisation entre la source et l'usine d'embouteillage à l'Argentière.
D'une part l'obtention des autorisations nécessaires n'ira pas de soi et d'autre
part plus de 400 parcelles seraient impactées sur l'itinéraire.
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Voir aussi :
Histoire d'eau (1)
L'eau de Vallouise embouteillée à l'Argentière