Tourisme
dans les Hautes-Alpes
La communication avant les services
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Xavier Cret,
président du Comité départemental du tourisme, CDT05, a fait le point
sur la dernière saison d'hiver et sur les projets dans un entretien
intéressant sur
Alpes 1.
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Globalement, la saison
est
bonne
mais pas vraiment exceptionnelle, car il semble y avoir eu un tassement de
la clientèle (1).
Le tassement serait conjoncturel à cause d'un calendrier préjudiciable et du
contexte de crise, et même d'une météo mitigée. D'où la ligne directrice du
CDT de faire venir plus de touristes en ciblant à son niveau la clientèle
parisienne et celle du Benelux, avec comme angle d'attaque les femmes
actives que toutes les études désignent comme les décideuses. De leurs
côtés, les OT et le CRT agiraient plutôt sur la clientèle de proximité (à
moins de trois heures de route). Il a souligné que le tourisme
représenterait 80 % de l'économie des Hautes-Alpes et que « pas un
département ne vit autant du tourisme que les Hautes-Alpes » (2)._______________
La stratégie de communication s'oriente (3)
vers le e.tourisme avec le système d'informations touristiques
Sitra (4)
pour une meilleure information des visiteurs et une place de
marché publique gratuite pour contrer les tour opérateurs. Les
débuts sont prometteurs et l'objectif est de dépasser 1 M€ de CA en
année pleine.
Les choix de destinations étant effectués de
préférence par les femmes actives, la communication va plutôt miser
sur le bien-être : « les
Hautes-Alpes, la destination qui vous veut du bien » (5),
et son corollaire : « venir se
faire plaisir dans les Hautes-Alpes. »
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Il explique les difficultés
des stations par de plus en plus de dépenses de fonctionnement (6)
qui doivent impliquer des règles de gestion de plus en plus drastiques pour
garder des marges d'investissement. Il ne reprend pas directement le
serpent des neiges d'une
interconnexion des domaines de Sestrières à Puy-Saint-Vincent mais
encourage un regroupement entre stations « pour ne
pas voir les limites du domaine ».
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Il conclut sur le développement du secteur de Serre Ponçon
et l'importance du Tour de France qui garantit une saison réussie.
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En conclusion, un bon tour d'horizon professionnel et intéressant
du tourisme hivernal dans le département mais qui comporte une petite
incohérence dans la stratégie. En effet, la conception du
« domaine sans limite »
à la savoyarde correspond
toujours à la course au plus grand domaine et à l'ancienne vision sportive des
kilomètres de piste à avaler alors qu'au contraire les touristes, et notamment
« ces dames » puisque ce sont elles qui décident, veulent simplement
« se faire plaisir »
et sont donc indifférentes à cette vision plutôt masculine des kilomètres
avalés. Les Hautes-Alpes n'ont rien à gagner à vouloir copier les grands
domaines savoyards. Dans ce cas d'ailleurs, autant privilégier l'original à une
copie poussive et illusoire. Le positionnement des Hautes-Alpes devrait plutôt
se différentier de celui des Alpes du Nord en offrant une autre approche, plus
naturelle et plus authentique. Il a tous les atouts pour.
« Se faire plaisir ou se faire du bien »,
c'est aussi ne pas passer tout son temps sur les skis mais pratiquer d'autres
activités ludiques, culturelles ou de bien-être. C'est un axe stratégique en
développement. Mais cela a aussi des implications, comme aligner les prix sur le
temps réel passé sur les pistes. Des prix de forfaits 3 heures ou demi-journée
qui atteignent ou dépassent 80 % (7)
du prix du forfait journée ne sont tout simplement pas compréhensibles. La
politique tarifaire du moins-on-skie-plus-on-paye mérite d'être entièrement
repensée.
On se plaît à espérer que l'imagination et
l'innovation ne restent pas cantonner au marketing et à la communication, qui
ont constitué l'essentiel de l'interview, mais qu'elles gagnent aussi les
services fournis pour qu'ils correspondent aux attentes des clients
(8).
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Vallouimages
Vallouise, 06 juin 2013
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Notes :
(1) [...] qui contraste avec la hausse de +4 % des
journées-skieurs relevée au niveau national par Domaines skiables de France.
(2) Loin de se réjouir de ce qu'il faut bien appeler une
dépendance, il faudrait plutôt s'en inquiéter.
(3) À juste titre.
(4) L'outil semble très prometteur. Il est en cours d'adoption
dans le Pays des Écrins.
(5) Le genre de slogan à prendre avec des pincettes, comme si les
autres départements nous voulaient du mal !
(6) La critique est à peine voilée et le message est clair.
À cette cause première se rajoutent localement des
causes plus spécifiques comme à Risoul
et dans le Queyras.
(7) 82 % à Puy-Saint-Vincent et
aux Orres qui a constaté un tassement du nombre de journées-skieurs.
L'étude « Carton
rouge aux forfaits horaires », effectuée en 2008 reste globalement
d'actualité : moins on skie longtemps, plus on paye cher.
(8) Cette conclusion rejoint celle de
l'article « Tourisme
au Pays des Écrins - Un nouveau dynamisme » qui pourrait aussi être reprise
ici.
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Voir aussi :
Tourisme au Pays des Écrins - Un nouveau dynamisme
Des
stations en difficulté
Risoul dans la tourmente
Puy-Saint-Vincent -
Propriétaires et gestionnaires sous pression ou Fiasco d'une revitalisation
détournée de sa finalité
Carton rouge aux forfaits horaires
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