La
température est un peu retombée après le
coup de chaud du 8 mai.
L’inauguration du centre d’incendie et de secours a été l’occasion de
diverses discussions avec les élus à propos de la ligne THT. Il apparaît
que
la ligne de fracture ne se situe pas au niveau de l’option choisie, car à
quelques nuances près les élus n’approuvent pas les lignes aériennes et
auraient préféré l’enfouissement, mais au niveau des méthodes avec un
rejet des manifestations sauvages et des graffitis et dégradations en tous
genres. Pareil, au niveau de la population, si elle reste hostile à l’option
aérienne, elle rejoint en général ses élus contre les méthodes. Comme déjà
écrit, c’est contreproductif et on m’a clairement indiqué que cela
discréditait les opposants.
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Une situation paradoxale
Nous
avons donc
une situation paradoxale dans laquelle personne ne s’affirme partisan de
l’option aérienne, mais au contraire, tout le monde préfèrerait l’option
souterraine. Beaucoup, sans analyse, admettent les arguments du coût et de
l’impossibilité en certains lieux (1).
L’appel aux élus à soutenir les habitants dans leur opposition aux lignes
THT aériennes devrait maintenant aller de soi dans la mesure où eux-mêmes
préfèreraient l’option souterraine. Le président du conseil départemental a
paru surpris lorsque je le lui ai dit. J’ai compris qu’il voit la chose de
loin et sous un angle théorique (n’étant pas directement concerné) et que,
comme la plupart des acteurs politiques et économiques, il en a marre, non
pas de l’opposition en elle-même, mais de ses méthodes.
Il
faut dire que quand l’option
aérienne fait l’unanimité contre elle, il ne reste plus que les insultes
pour s’opposer qui ne grandissent aucun des deux camps avec chacun ses
extrémistes : les uns voient des zadistes partout, les autres dérapent sur
le NO THT en invectivant les élus. Rappelons quand même que la cause-racine
de la virulence est (i) la non-prise en compte de la très large opposition
qui s’était manifestée lors de l’enquête publique (2)
et (ii) sa continuation dans le mépris affiché à l’égard des habitants qui
s’opposent. On réalise maintenant que cette opposition devrait également
inclure les élus des collectivités locales qui n’osent pas s’exprimer. Donc,
on remballe tout et on repart sur le consensus contre la ligne THT aérienne.
Attention, hein, pour ceux qui s’obstinent à ne voir dans les habitants que
de dangereux zadistes, on ne parle que de l’option aérienne, pas de la ligne
THT en elle-même.
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Appel au réveil des élus
Dans
une démocratie, ce sont
les élus qui auraient dû faire remonter l’opposition de leurs ouailles.
C’était leur devoir de dénoncer la mascarade de l’enquête publique et de ne
pas céder aux pressions et probablement aussi au chantage de RTE. Il est à
nouveau essentiel qu’ils sortent de leur silence et qu’ils se regroupent
pour exprimer l’opposition de leurs populations aux lignes aériennes. S’ils
ne font rien, leur responsabilité sera lourde dans la réalisation de la
ligne aérienne.
En tant
qu'élus, ils doivent soutenir les habitants, et leurs collègues élus qui se
sont déjà engagés, pour obtenir l'enfouissement de la ligne THT sur la
totalité de son parcours, comme c'est déjà le cas en vallée de la Guisane.
Les maires et élus du Pays des Écrins doivent en particulier se remuer.
Seule les communes de La Roche-de-Rame et des Vigneaux ont pris une position
claire CONTRE la ligne aérienne.
Aucun autre
conseil, municipal et communautaire, ne s'est positionné par une
délibération. De même le binôme départemental qui devrait servir de relais.
Les candidats
potentiels aux prochaines élections législatives seraient également bien
avisés de se rappeler que toute la haute Durance concernée par la ligne THT
se trouve bien dans la seconde circonscription des Hautes-Alpes et devraient
peut-être commencer à caresser ses habitants dans le sens du poil. Bon,
j'dis ça, j'dis rien...
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Vers une adaptabilité du projet
Le
député Joël Giraud a reçu les différentes organisations qui s’opposent aux
lignes aériennes
(3).
Il s’est engagé à obtenir un rendez-vous entre les collectifs et la
secrétaire d’État et surtout à demander « une adaptabilité du projet sur
certains secteurs à enjeux », par une lettre publique. Cette adaptabilité
concerne les tracés et la possibilité d’enfouissement de la ligne.
C’est
une évolution qui méritera d’être confirmée et qui aura d’autant plus de
chance de réussir que tout le monde la soutiendra parmi les élus des
différentes collectivités.
N'oublions pas
que l'impression qu'ont les gens de ne pas être entendus ne peut
qu'exacerber les passions et radicaliser les positions. Rappelons à nouveau
que le seul élément démocratique officiel, l'enquête publique, a donné 92%
d'opposition à l'option aérienne (4).
(1) Réponse à cette objection dans Ligne
THT - Le ton monte....Par
ailleurs la
vidéo
réalisée par RTE pour promouvoir la ligne THT enfouie en Maurienne n'avance
que des avantages, valables ici aussi.
(2) Si on veut à nouveau s’assurer de l’état de l’opinion, un référendum
populaire POUR ou CONTRE les lignes aériennes permettrait de répondre. Mais
en l’état de la procédure, l’enquête publique est le dernier acte
démocratique officiel.
(3) Joël Giraud a reçu les
opposants à la THT.
(4) Cf. note (2).
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Références :
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