Pays
des Écrins
Eau de Vallouise : sortie de crise
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Dans l'article précédent, on avait fait
le constat que non seulement,
la SDEES, société pressentie pour conduire le projet d'embouteillage de l'eau de
Vallouise, n'a ni les finances nécessaires à l'investissement, ni la compétence
technique, mais encore qu'aucun des trois associés ne présente de référence
professionnelle, technique ou commerciale, dans le domaine de l’exploitation des
eaux de source.
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Les
élus des trois collectivités sur le point de s'engager dans une convention de
partenariat avec cette société ont reçu l'information 5 sur 5. De réunions en
réunions, ils ont tous parfaitement réalisé qu'il n'était pas possible de
s'engager plus avant avec une telle société et qu'une convention de partenariat
ne pouvait être signée qu'avec l'investisseur industriel susceptible de financer
et de réaliser le projet, et avec les garde-fous nécessaires à la protection des
intérêts des collectivités. De plus ou moins bon gré mais grâce à (ou à cause
de)
l'exemple opportun de la Société des eaux de Chorges, ils ont
dû intégrer que leurs espoirs de redevances mirifiques risquaient fort d'être
déçus.
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Lors
d'une dernière réunion le vendredi 26 avril, les élus des collectivités
concernées ont pris la décision d'abandonner la convention de partenariat
avec la SDEES et de la remplacer par un protocole d'accord, toujours avec la
SDEES (1), non
plus en qualité d'investisseur mais en tant que porteur d'affaire. Une fois le
véritable investisseur identifié et accepté, une convention de foretage sera
établie avec l'accompagnement d'un avocat d'affaires ou d'un cabinet d'études.
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Toutefois avant de se lancer plus avant, il apparaît indispensable de revenir
sur quelques fondamentaux qui curieusement semblent manquants. Quoique
essentiels, ils ont vite été occultés par l'espoir un peu chimérique d'une
redevance de plusieurs centaines de milliers d'euros sans se préoccuper du
réalisme économique, social et environnemental du projet. La
« croyance »
en un projet ne peut pas être fondée sur de l'irrationnel mais doit au contraire
s'appuyer sur des études économiques, techniques, sociales et environnementales
solides si on ne veut pas aller au-devant de cruelles désillusions.
C'est un projet industriel, on doit donc suivre une démarche de projet
industriel et on ne peut savoir a priori si le feu sera vert, rouge, ou
jaune, sans les études nécessaires. L'exemple des
difficultés de la Société des eaux de Chorges et les
tensions sur le marché de l'eau de source montrent assez l'importance des
étapes préalables avant le passage à la phase de réalisation. Faute de ces
éléments, la solidité du projet ne pourrait pas être appréciée.
Une
étude de marché permettra d'évaluer les possibilités de mise sur le marché d'une
nouvelle eau et ses chances de succès. Un Business Plan réaliste, c'est-à-dire
sans maximiser les ventes, ni minimiser les besoins de trésorerie, montrera si
le projet est économiquement viable à long terme et est suffisamment créateur
d'emplois. Une analyse d'impact environnemental et un bilan carbone permettront
de juger si le jeu en vaut la chandelle. Une analyse de risques évaluera
l'exposition du projet. Ces études permettront soit de définir les
caractéristiques du projet, soit d'y mettre un terme.
C'est un projet public de commercialisation d'une ressource collective qu'un
groupement de collectivités va confier à un entrepreneur privé. D'une part,
l'entité signataire pour les collectivités devrait avoir une identité et une
vocation définies et d'autre part la désignation du partenaire industriel
devrait résulter d'un appel d'offre.
La transparence à ce niveau est indispensable. On n'a que trop vu
où l'inverse pouvait mener.
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On
peut remercier et féliciter les élus pour l'inflexion importante qu'ils ont
donné au projet. Il faut leur souhaiter maintenant courage et volonté pour
travailler tous ensemble et sans arrières pensées à la définition et à la
réalisation dans la transparence d'un projet viable.
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Vallouimages
Vallouise, 27 avril 2013
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Notes :
(1) On ne voit pas trop les raisons objectives et transparentes
qui conduisent au maintien de la SDEES dans l'opération. Cette société et ses
associés n'ont ni la compétence ni l'expérience nécessaires à cette nouvelle
mission. Souhaitons que ce soit simplement une façon propre de s'en éloigner,
sinon le problème la concernant restera entier. Cette opération de recherche
d'un partenaire industriel devrait se faire de façon transparente dans le cadre
d'un appel d'offre.
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Épisodes précédents
Vallouise en eau trouble
Histoire d'eau (2)
Histoire d'eau (1)
L'eau de Vallouise embouteillée à l'Argentière