Les collectivités et les stations ont vivement réagi à la panique qui les a
saisies lors des dernières vacances de Noël où la neige a fait défaut. Elles
ont massivement investi dans la production de neige artificielle, dans les
Alpes du Nord comme dans les Alpes du Sud. Mais une nouvelle étape semble se
profiler : des pistes de ski couvertes pour du
« ski sous cloche ». C'est le projet de la station de Tignes qui s'apprête à
investir 62 M€ dans un ski-dôme pour offrir aux skieurs une piste indoor
de 400 m de long sur 50 m de large avec une dénivelée de 142 m. Le projet a
été soumis le 25 novembre à la commission Unités touristiques nouvelles
(UTN) du Comité de massif des Alpes qui l'a approuvé. La décision finale
appartient maintenant au préfet de région coordinateur de massif.
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La commune de Tignes présente son projet, nommé Ski-line, comme étant
« en accord total avec les nouvelles tendances de consommation des loisirs
en montagne. Il apporte le niveau de service sur mesure en montagne en
gommant tous les aspects rudes et rebutants que ce milieu englobe (froid,
pente, difficulté, etc.). Il permet de vivre une expérience de pleine nature
dans un cocon de confort et de services intégrés. » On appréciera « une
expérience de pleine nature » indoor !
Pour compléter le projet, l'infrastructure inclura une piscine avec une
vague pour surfeur.
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Ce « ski sous cloche » est la première étape avant la délocalisation du ski
puisqu'avec une structure indoor il n'y a plus besoin de montagne. À
quand du « ski sous cloche » à Biarritz, par exemple ? Car si on veut éviter
« les aspects rudes et rebutants que ce milieu englobe (froid, pente,
difficulté, etc...) », autant aller ailleurs qu’en montagne. Finalement
n'importe où et notamment près des grands centres urbains.
L'étape ultérieure sera la dématérialisation du ski, pour éviter la
consommation d’espace.
Si ce concept de « ski sous cloche » se généralise hors de la montagne, il
va falloir repenser l'immobilier des stations, devenu superflu, et arrêter
la montée en altitude des remontées mécaniques, puisqu'on pourra les mettre
sous cloche en vallée, et même ailleurs.
Bien sûr, entre temps, d'autres stations vont se lancer dans des projets de
« ski sous cloche » car il y fait froid aussi et qu'elles rêvent de même de
mettre les skieurs sous cloche l'été, mais encore une fois ce sera également
possible de partout.
Projet finalement abandonné pour cause de non
rentabilité...
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Références :
Antoine Chandellier et Alfred Perrier,
Face au réchauffement climatique, jusqu'où
artificialiser les versants, Le Dauphiné Libéré, 24 novembre 2016.