La citation en
titre est provocatrice (1), mais
les Autrichiens font décidément très fort. Après la polémique
(2) sur le terrassement à coups de bulldozers du
glacier de Pitztal pour la préparation des pistes, la polémique (1)
se déplace à Kitzbühel où une piste a été ouverte, malgré des températures
supérieures à 10°C, à partir de la neige artificielle stockée durant l’été.
Pendant ce temps, les pistes dans le Pitztal, enneigées par le même
procédé, sont également ouvertes, de même que celles de Sölden dans l’Ötztal
voisin où il faisait 8,8°C en haut du Schwarze Schneidbahn à 3 000 m
d’altitude, le 22 octobre 2019 à 13 h (3).
Kitzbühel, 19-20 octobre 2019,
20 Minutes, Suisse
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Mais en
réalité, il n’y a rien de nouveau dans ces préparations de pistes, sur et
hors glaciers, en Autriche et ailleurs, quoique les Autrichiens paraissent
leader dans le domaine !
Alors, pourquoi
ces polémiques prennent-elles de plus en plus d’ampleur ?
La réponse est
peut-être à trouver dans le regard qui est porté sur les sports d’hiver.
Il y a quelques
années (4), je posais la question
: comment les clients vont-ils réagir à ces bandes de neige entre des zones
non enneigées ? La réponse reste ouverte, mais la perception se déplace des
pistes vers les sports d’hiver en eux-mêmes. Dans une enquête
(5) qui vient de paraître, les sports d’hiver ne
sont pas considérés comme « une activité respectueuse de l’environnement »,
à 67 % par les ‘non partants’ et à 51 % par les ‘partants’. 61 % des ‘non
partants’ considèrent que les stations de ski ne sont pas adaptées à
l’avenir. 78 % des ‘partants’ (6)
considèrent que leur pratique des sports d’hiver est menacée dans les années
à venir. Tous les équipements sont mal perçus : canons à neige à 69 %,
engins de damage à 64 %, remontées mécaniques à 53 %. Les ‘revenus élevés’
sont les plus enclins à continuer à pratiquer toujours autant le ski et les
‘moins de 30 ans’ à faire moins de ski.
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Autrement
dit, « les sports d’hiver véhiculent une image non respectueuse de
l’environnement, surtout pour les ‘non-partants’ ». Ils ne sont plus
considérés comme une activité d’avenir, y compris par leurs pratiquants, et
en particulier par les jeunes. Avec même le risque d’une évolution plus
rapide dans la perception que dans la réalité. Car si les skieurs commencent
à avoir mauvaise conscience, les mentalités évolueront plus vite que les
températures !
L’attractivité
des destinations montagne sera à la fois fonction de la variété des
activités, mais « selon une pratique plus douce et plus hédoniste de la
montagne », et d’un engagement fort et concret en faveur du respect de
l’environnement.
C’est même « le
modèle d’un tourisme polarisé sur la station » (7)
qui est à reconsidérer.
(1)
Du ski malgré l'été indien : vif débat en Autriche, 20 minutes, Suisse,
21 octobre 2019.
(2) Le point
de départ en a été une
photo, prise le
27 août 2019 et publiée par le WWF autrichien, du glacier de Pitztal
en train d'être travaillé par des bulldozers pour la préparation des pistes.
(3)
https://www.soelden.com/winter/live-info/livecams.html
(4)
Hautes-Alpes
tourisme - De la sécurisation à l'innovation, Vallouimages, 06 janvier 2016.
(5) « La
montagne face aux enjeux climatiques et environnementaux : la perception des
clients », G2A, octobre 2019.
(6) 56 % plutôt d’accord, 22 % tout à fait d’accord.
(7) Bourdeau, 2019.
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Références :
« La
montagne face aux enjeux climatiques et environnementaux : la perception des
clients », G2A, octobre 2019.
Philippe Bourdeau, « La station touristique, un modèle à interroger,
éloge de la dispersion », Redessiner la destination touristique,
Espaces Tourisme et loisirs, n° 350, septembre 2019.
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