La communication touristique dans le département est parfois surprenante. En
cause les communiqués météorologiques des médias nationaux qui annoncent à
juste titre un massif alpin globalement peu enneigé, mais sans faire de
distinction entre les massifs. Immédiatement élus et responsables
touristiques haut-alpins s’indignent de l’oubli des Alpes du Sud et crient
même au complot de la part des stations des Alpes du Nord. Rien que ça.
On assiste souvent au même
scénario avant Noël : on voudrait que l'enneigement fonctionne comme dans
l’industrie, avec un démarrage début décembre, au jour près. Mais le ciel ne
répond pas à cette pseudo-logique industrielle !
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L'enneigement des Alpes en cette fin d’année 2016 résulte des
précipitations du mois de novembre qui ont donné une limite pluie-neige vers
1800 m sur la frontière italienne avec de fortes lames d'eau et un
enneigement important en altitude sur ces zones. Le foehn associé a fait
remonter cette limite en progressant vers l'ouest (de 2200 m à 2500 m) et en
asséchant l'air. Le mois de décembre a ensuite été sec (1).
Voir la synthèse Météo-France de l'enneigement en montagne à mi-décembre
fait à l'aide des modèles Safran-Crocus en lien connexe.
Résultat, en ce moment il n’y
a pas de neige sur l’ensemble du massif alpin en-dessous de 1800 m
d’altitude, c’est-à-dire pour l’essentiel là où les vacanciers résident
et rêvent d’un Noël à la neige : « la neige en hiver à la montagne », ce
n’est pas « la neige sur les sommets », mais « la neige dans les vallées ».
Inutile donc de pousser des cris d’orfraie et de dire l'inverse. C’est la
réalité, dans les Alpes du Nord comme dans les Alpes du Sud, il faut
l’assumer.
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Pour la pratique du ski, les
stations les plus enneigées naturellement au-dessus de 1800 m, sont
situées exclusivement à proximité de la frontière avec le Piémont.
Elles sont de moins en moins enneigées, plus on va au nord et surtout plus à
l’ouest. Le clivage n'est donc pas entre les Alpes du Nord et les Alpes du
Sud, mais entre, d’une part, les massifs frontaliers avec le Piémont, qui
sont enneigés plus on monte au-dessus de 2000 m (Queyras et Briançonnais,
haute Maurienne, et dans une moindre mesure haute Tarentaise ; les uns sont
dans les Alpes du Sud, les autres dans les Alpes du Nord) et, d’autre part,
les autres massifs, peu enneigés, qu'ils soient dans les Alpes du Nord ou
dans les Alpes du Sud (Champsaur, Dévoluy, Embrunais). Il est ainsi malvenu
de reprocher aux médias nationaux de ne pas connaître la géographie alpine
lorsque l’on ne connaît même pas la géographie haut-alpine.
On comprend bien que cette
communication qui oppose le nord et le sud, alors que le clivage est entre
l'est et l'ouest n’a pas de fondement ! Une fois de plus la communication
touristique est déconnectée de la réalité. Pire on sent bien en plus en
filigrane que certains seraient prêts à l’enjoliver, pour ne pas dire plus.
Peu leur importe, ils font aussi leur communication, et c’est peut-être le
plus important pour eux. Eh oui, la communication politique se rajoute à la
communication touristique. Difficile dans ces conditions d’avoir un message
cohérent qui porte.
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Les chutes de neige annoncées pour ce début de semaine vont encore se
concentrer le long de la frontière avec le Piémont, donc sur
l’extrême est du département avec non seulement un retour d’est mais en
plus une forte lombarde froide qui va abaisser la limite pluie/neige. Il
devrait ainsi tomber plusieurs dizaines de centimètres surtout en haute
Maurienne (Alpes du Nord), sur l’est du Queyras (20 à 40 cm) et sur le
Mercantour (jusqu'à 60 cm en haute Roya). Les quantités de neige devraient
vite s’atténuer d’est en ouest : 20 à 30 cm sur le haut Var et le haut
verdon, 15 à 20 cm sur Thabor et Pelvoux, 10 cm sur l’ouest du Queyras et le
Champsaur, quelques centimètres sur l'Embrunais et le Parpaillon et un
saupoudrage sur le Dévoluy.
Le vent d'est à sud-est qui
va accompagner les chutes va provoquer un important transport de cette
neige légère et la création d'accumulations instables reposant sur des
couches de neige hétérogènes faisant remonter le risque d'avalanche.
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Je remercie
Alain Morel, météorologue, de ses précieuses informations et de ses
commentaires.
(1)
N’oublions pas que la forte saison des pluies dans nos régions se situe
entre octobre et novembre statistiquement.
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Références :
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